1) Communiqué de la Centrale Syndicale et Populaire « Conlutas » du Brésil :
Bolsonaro arrive au pouvoir avec 57 797 456 voix (55,13% des voix valablement exprimées), contre 47 040 829 de voix pour Fernando Haddad (44,87% des voix valablement exprimées). Les votes blancs et nuls et les abstentions ont atteint un record, avec de plus de 42 millions d’électeurs.
Les élections, avec de nombreuses contradictions, ont montré la grande insatisfaction de la classe ouvrière et de la majorité de la population à l’égard des hommes politiques et de leurs partis. Mais le manque de perspective face à la crise économique et la désillusion suscitée par les gouvernements PT et leur adaptation à la logique du système pourri, y compris la corruption, ont renforcé l’option d’extrême droite.
Cependant, la lutte contre l’élection de Bolsonaro a mobilisé de larges secteurs d’ouvriers, d’étudiants, d’opprimés et de démocrates de la société civile, son programme de gouvernement représentant ce qui est le plus dangereux pour la classe ouvrière et le pays: des attaques contre les libertés démocratiques et les droits; une politique économique ultra-libérale et la braderie de notre richesse collective et de notre souveraineté avec la privatisation de toutes les entreprises publiques; un manque de respect pour les droits de l’homme et un discours haineux contre les secteurs opprimés.
Les discours du nouveau président et de son équipe, peu de temps après le résultat des élections, réaffirment les positions et les mesures que le nouveau gouvernement entend mettre en pratique, qui représentent des menaces pour les travailleurs, telles que la mise en place d’une réforme des retraites, au début du prochain gouvernement.
Dans une note pour le 2e tour des élections, le Secrétariat exécutif national du CSP-Conlutas avait exprimé la position de la centrale selon laquelle il était nécessaire de vaincre Bolsonaro dans les urnes et dans les rues. Quel que soit le gouvernement élu, CSP-Conlutas se présentait comme une opposition et appelait à l’intensification de la résistance, de l’organisation et de la lutte contre quiconque attaquant les travailleurs.
Nous réaffirmons notre position. Nous réaffirmons que le terrain principal, pour nous, pour vaincre les projets dictatoriaux et les attaques contre les droits du peuple est celui de la lutte directe, basée sur l’indépendance de note classe sixième et sur la démocratie ouvrière.
Le résultat électoral polarisé montre que Bolsonaro n’a pas reçu de « carte blanche » de la grande majorité des Brésiliens. C’est pourquoi nous appelons les travailleurs et les pauvres, quel que soit le candidat pour lequel ils ont voté, à assurer l’unité de notre classe et à se préparer à se battre, car personne ne veut la fin de sa retraite, comme ils le souhaitent, ni aggraver la crise dans le pays.
Nous lançons également un appel immédiat aux centrales syndicales et aux organisations du mouvement social afin qu’elles construisent la plus grande unité d’action contre les atteintes à nos droits et à la défense des libertés démocratiques. Le combat ne fait que commencer. C’est l’heure de la résistance, de l’organisation et de la lutte !
São Paulo, le 29 octobre 2018
Secrétariat exécutif national de CSP-Conlutas
2) Déclaration d’Attac Europe :
Nous voulons exprimer notre soutien et notre solidarité à tous les mouvements, aux militant·e·s, aux communautés marginalisées du Brésil qui se réveillent ce matin dans le cauchemar de Jair Bolsonaro élu président.
Aucun mandat électoral ne rend acceptable ou démocratique le fait d’accéder au pouvoir par la démonisation des adversaires, l’utilisation de l’étiquette « terroriste » pour discréditer les mouvements sociaux et les menaces sur les droits et les libertés des citoyen·ne·s désignés comme boucs émissaires des problèmes causés par l’économie mondialisée. Ceux qui s’adonnent à ces pratiques sont responsables des crimes les plus atroces du vingtième siècle.
Le racisme, le sexisme et l’homophobie de Bolsonaro, tout comme sa nostalgie d’une dictature militaire au Brésil, ont fait l’objet de nombreux commentaires au niveau international. Mais Bolsonaro ne constitue pas seulement une menace pour les droits (civiques et humains) des citoyen·ne·s brésilien·ne·s. S’il met en œuvre les politiques annoncées, elles vont creuser encore davantage les inégalités en appauvrissant celles et ceux qui sont déjà sous le seuil de pauvreté. Elles détruiront l’environnement et empêcheront les opposants de se faire entendre.
Lors de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en novembre 2016, nous redoutions qu’elle n’encourage aussi ailleurs ceux qui se réclament de la xénophobie, du nationalisme et de l’autoritarisme. L’élection de Bolsonaro en est le dernier exemple en date. Il nous faut d’urgence construire une opposition mondiale à cette politique de haine et refonder l’internationalisme que nos mouvements ont pu susciter pour s’opposer à l’inhumanité de la guerre et du néolibéralisme. Nous ne pouvons admettre la normalisation de l’arrivée au pouvoir de figures comme Bolsonaro, Trump ou d’autres nationalistes à tendance dictatoriale.
Cette nouvelle forme de fascisme ne vient pas de nulle part. Ces dernières décennies, la mondialisation dominée par les multinationales et la finance a mis en pièce le tissu social un peu partout sur la planète. Quand la recherche du profit est l’objectif ultime de l’humanité, des pans considérables de la population mondiale se retrouvent marginalisés et incapables de se faire entendre. Des territoires énormes sont livrés à l’extraction dévastatrice. Ceux qui mettent en place de telles politiques mortifères apportent leur soutien à des Bolsonaro et des Trump pour étayer le pouvoir des 1%.
Nous voulons une transformation radicale du système mondial qui fasse passer les gens et la planète avant les profits des riches. Nous voulons un monde basé sur l’égalité, la reconnaissance plein et entière des droits humains et la soutenabilité environnementale. C’est là notre lutte au niveau international – le défi majeur que nous relevons en tant que citoyen·ne·s, communautés et mouvements. Ce ne sera pas facile, mais l’histoire nous montre que la victoire est possible si nous gardons vivants en nous l’espoir et la solidarité. Un autre monde est possible.