Aujourd’hui, de nombreux médias privés français sont sous la coupe de quelques milliardaires : Bernard Arnault (Les Échos, L’Opinion, Le Parisien, Challenges, Sciences et Avenir), Patrick Drahi (BFMTV, RMC, L’Express, Libération), Xavier Niel (Le Monde, Télérama, Courrier International, L’Obs, Le Monde Diplomatique, Huffpost, Paris Turf, Nice Matin, Var Matin, Monaco Matin), Daniel Kretinsky (Elle, Marianne, Télé 7 Jours), famille Dassault (Le Figaro, Le Figaro Magazine), François Pinault (Le Point), famille Bouygues (TF1, LCI, TMC, TFX), Arnaud Lagardère (Paris Match, Hachette Livre, Le JDD, Europe 1), Vincent Bolloré (Canal +, C8, CNews, Capital, Femme Actuelle, Télé Loisirs, Géo, Voici, Gala, France catholique et une partie des titres de la famille Lagardère), Rodolphe Saadé (La Provence, Corse-Matin, La Tribune).
Quant aux médias audio-visuels de service public, ils sont soumis à des logiques comptables et néo-libérales initiées par le gouvernement.
Enfin, il existe depuis longtemps des liens étroits entre les pouvoirs politico-économiques et certains journalistes vedettes.
Tout cela nuit au pluralisme et à la qualité de l’information.
Cela dit, attention à ne pas mettre tous les journalistes dans le même sac ! Les vedettes évoquées ci-dessus sont, par exemple, très éloignées de l’immense majorité de leurs collègues. Certes, dans toutes les secteurs professionnels, il y a des salarié·es soumis·es à leur employeur et d’autres carrément complices. Mais il y en aussi qui résistent ! Voici par exemples les liens de quelques syndicats de lutte regroupant des journalistes critiques par rapport au rôle que voudraient leur faire jouer leurs employeurs : Syndicat national des journalistes (SNJ) – Syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT) – Syndicat SUD médias télévision – Syndicat CNT de la presse et des médias
Il existe aussi une association dénommée ACRIMED (Action-Critique-Médias) qui réunit des journalistes et autres salarié·es des médias, des chercheurs·ses et universitaires, des acteurs et actrices du mouvement social, des « usagers » des médias. Ses objectifs sont les suivants (extrait du site de l’association) : 1) Informer sur l’information (sur son contenu et sur les conditions de sa production), sur les médias, sur les journalismes et les journalistes, grâce à la mise en commun de savoirs théoriques, de savoirs professionnels, de savoirs militants. 2) Contester l’ordre médiatique existant, sa concentration, sa financiarisation, la marchandisation de l’information et de la culture, l’anémie du pluralisme et du débat politique, l’emprise des sondages (et des instituts qui en font commerce), les connivences, les complaisances, l’implication des entreprises médiatiques dans la contre-révolution néolibérale… Contester également celles et ceux qui dominent et perpétuent un ordre médiatique qui, en l’état, est tout sauf le pilier d’une véritable démocratie. 3) Mobiliser et se mobiliser avec toutes les forces disponibles (partis, syndicats, associations…) pour construire un véritable front de lutte à la mesure des enjeux. La question des médias est une question politique essentielle, elle doit le devenir ou le redevenir, et doit faire l’objet d’un combat politique. 4) Proposer des transformations en profondeur des médias. Si un autre monde est possible, d’autres médias le sont aussi. Et pour qu’un autre monde soit possible, d’autres médias sont nécessaires. C’est pourquoi Acrimed s’efforce d’élaborer des propositions, précises et concrètes, qui font l’objet d’un débat toujours ouvert au sein de l’association et avec nos partenaires. En savoir plus : acrimed.org
D’autre part, il existe des médias professionnels indépendants comme Rapports de force, CQFD, Mediapart, Basta ou StreetPress qui font un excellent travail d’enquête.
À ce propos, signalons que des états généraux de la presse indépendante auront lieu le 30 novembre 2023 à Paris avec la participation de 70 médias indépendants et d’une quinzaine de syndicats, organisations et collectifs de journalistes. Extrait du texte de présentation : Cette initiative, proposée par le Fonds pour une Presse Libre, est une réponse à des états généraux présidentiels de l’information voulus par l’Élysée. C’est un événement rare que de voir une large partie de la profession se retrouver pour défendre des valeurs communes et un droit fondamental : la liberté d’informer, c’est-à-dire le droit de chacune et chacun d’accéder à une information pluraliste, indépendante et de qualité. En savoir plus : fondspresselibre.org/liberons-linfo-30-nov
Cet article ne serait pas complet sans parler des médias animés par des collectifs de militants bénévoles, inscrivant leur action dans le camp du progrès social et faisant un travail sérieux d’information et de réflexion. Citons par exemple les revues Ballast et Silence.
Enfin, attention à certains médias dits « alternatifs », « libres », « citoyens » ou de « réinformation » ! L’info n’y est pas toujours de bonne qualité (publication d’infos non vérifiées) et certains d’entre eux servent de paravent pour la diffusion de thèses émanant de la fachosphère, des réseaux complotistes, des milieux confusionnistes ou des mouvements rouges-bruns (voir image ci-dessous).


