Mort de Jean-Marie Honoret, figure du mouvement des chômeurs de l’hiver 1997

Jean-Marie Honoret (aux côtés duquel j’ai eu le plaisir de lutter pendant plusieurs années lorsque je vivais dans la région Hauts-de-France) est décédé le 23 janvier 2025 à Arras à l’âge de 64 ans.

Jean-Marie a d’abord exercé le métier de boulanger-pâtissier à Bully-les-Mines. Il a ensuite connu une longue période de chômage durant laquelle il a milité au sein de l’ADEPA (Association d’aide aux demandeurs d’emploi et précaires de l’Audomarois), d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage) et du syndicat CNT des travailleurs précaires et privés d’emploi de Béthune.

Du 15 décembre 1997 au 10 janvier 1998, Jean-Marie se retrouva à la une des médias régionaux et nationaux en occupant pendant plus d’un mois le siège de l’ASSEDIC d’Arras avec plusieurs personnes privées d’emploi comme lui. Une action qui fit tache d’huile dans tout l’Hexagone, qui lui valut le surnom de « Robin des Bois » et qui permit d’obtenir du gouvernement de l’époque le déblocage d’un fonds social d’urgence d’un milliard de francs, le versement annuel d’une « prime de Noël » à de nombreux/euses allocataires de minima sociaux, l’augmentation de certains de ces minima et la reconnaissance officielle par l’ANPE des associations de chômeurs.

Tutoyant les hommes politiques, les préfets et les ministres, participant activement à plusieurs longues marches contre le chômage, organisant des opérations de réquisition des richesses dans des supermarchés de l’ex-bassin minier du Pas-de-Calais en solidarité avec les plus démunis, n’hésitant pas à séquestrer des huissiers pour défendre le droit au logement pour tous et toutes, Jean-Marie n’avait peur de rien malgré la répression judiciaire qui le frappait régulièrement (comme par exemple en novembre 1999 où il fut condamné à trois mois de prison avec sursis).

En 2008, il s’était reconverti dans le maraîchage bio en créant à Boisleux-Saint-Marc (près d’Arras) l’AMAP des « Biaux jardins du Cojeul ». Depuis cette date, on le voyait moins dans les manifs organisées à Lille, Arras ou Béthune mais il était toujours prêt à donner un coup de main à ses camarades de lutte. D’ailleurs, pour rappeler son attachement aux idéaux anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires, il avait accroché – au-dessus de l’entrée de la serre pour les graines – une pelle peinte en rouge et noir sur laquelle il avait tracé le sigle de la Confédération nationale du travail.

Jean-Marie a fini sa vie à Croisilles où il s’occupait des animaux du parc « Le Domaine du Moulin ». Ses obsèques auront lieu mardi 28 janvier, d’abord à 14h dans la salle de cérémonie de la Maison Dessein (23 rue de Douai à Bapaume), puis au cimetière de Croisilles où il sera inhumé.

Salut mon camarade au grand cœur !

> Cagnotte « Leetchi » pour les frais d’obsèques
> Hommage en vidéo de l’association « Canal Marches »

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