Entre champs, bois, étangs et prairies, voici la petite rivière dont j’accompagne le cours sur une dizaine de kilomètres toutes les semaines lors de mon jogging dominical :
Cette rivière, c’est la Marque ! Un nom qui désigne… la marque, c’est à dire la limite voire la frontière, entre le monde de la ville et celui des marais. Un nom qui a peut-être aussi pour origine le mot germanique « marko » (marécageux). En effet, la Marque n’a pas toujours été la petite rivière tranquille qu’elle est aujourd’hui (même s’il lui arrive encore parfois de déborder). Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, son débit était de 8 000 m3 par jour en période de basses eaux et d’1 million de m3 en période de hautes eaux. Les crues étaient fréquentes et très importantes. Une partie de la vallée était un vaste marécage dans lequel le seul moyen de transport était la barque. Tout un petit peuple y vivait, uni par le sentiment d’habiter un lieu singulier et par des liens de solidarité très forts. Le marais servait aussi de refuge à toutes sortes de marginaux et/ou d’exclus : prostituées de la ville fuyant leurs proxénètes, auteurs de petits larcins recherchés par la police, ouvriers ayant perdu leur emploi, filles-mères, vagabonds, etc. Les principales activités économiques étaient la culture du cresson aquatique ou semi-aquatique, la récolte de la tourbe, le travail du lin et du chanvre, la vannerie, la pêche, la chasse, l’élevage des moutons et des oies. Ce petit peuple disparut à la fin du XVIIIe siècle lorsque les autorités décidèrent d’assécher les marais à la demande à la fois des médecins « hygiénistes » (qui voulaient combattre les fièvres), des gros exploitants agricoles (qui cherchaient de nouvelles terres à cultiver) et des industriels roubaisiens (qui cherchaient de l’eau pure pour leurs teintureries). Les communes de Templeuve, Ennevelin, Fretin et Péronne s’y opposèrent en déclarant que l’assèchement des marais produirait « la ruine entière des communautés riveraines de la Marque », que c’était « comme si un médecin tuait son malade pour lui épargner des douleurs passagères » et que les crues « loin d’être nuisibles, comme on le dit, ne font que fertiliser le sol ». Mais la décision fut prise tout de même. Une décision funeste car, pendant plus de 150 ans, les teintureries s’installant dans la vallée se servirent de la Marque pour y déverser leurs eaux usées. En outre, plus personne n’entretenant la rivière et les zones humides n’étant plus assez nombreuses pour absorber ses crues, les champs, les près et les villages environnants furent régulièrement inondés, qui plus est par une eau fortement polluée. En 1975, pour réguler le cours de la rivière, un chapelet de lacs est créé à Villeneuve d’Ascq. Puis, à partir des années 1990, d’importantes travaux de dépollution et d’aménagement sont mis en œuvre tout le long de la Marque : curage de la rivière, revégétalisation des berges, revitalisation des zones humides ayant échappé à la destruction, etc. Aujourd’hui, même s’il reste encore des choses à faire, les résultats sont encourageants. À ce propos, voici un lien vers un article du site « Nord Découverte » qui présente un petit itinéraire à faire à pied ou en vélo de Bouvines à Villeneuve d’Ascq : http://nord-decouverte.fr/le-long-de-la-marque-de-bouvines-a-villeneuve-dascq/