Le Génie de la navigation

La statue « Le Génie de la navigation » a été érigée en 1847 à Toulon sur le carré du port. Cette sculpture de bronze réalisée par l’artiste toulonnais Louis-Joseph Daumas est une allégorie de l’exploration maritime. Elle a la particularité d’avoir les fesses dénudées, de faire face à la mer et donc de montrer son postérieur à la ville… ce qui lui vaut le surnom de « Cul-vers-ville », jeu de mot inventé par les toulonnais·es pour se moquer de Jules de Cuverville, commandant en chef – de 1895 à 1897 – de l’escadre de la Méditerranée basée à Toulon.

Esby, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le piédestal de la statue est orné de plusieurs bas-reliefs. Celui situé du côté nord est typique de l’esprit colonialiste qui animait jadis beaucoup d’explorateurs. Au centre, on y voit un homme habillé d’un burnous. Le rameau d’olivier symbolisant la paix (à gauche) et le caducée de Mercure symbolisant le commerce (à droite) sont les pseudo-bienfaits apportés par la colonisation ! Aux pieds de l’homme, la tête coupée et la dague symbolisent l’état de barbarie que la colonisation permet soi-disant au colonisé de quitter !! Enfin, de chaque côté de l’homme, figure un livre ouvert. Sur celui de gauche, on peut lire les noms des souverains et des savants dont les activités ont soutenu l’essor de la navigation. Sur celui de droite, on peut lire les noms de plusieurs « marins guerriers ». Intolérable pour de nombreux/euses navigateurs/trices de se voir ainsi associé·es aux États qui – sous prétexte d’une « mission civilisatrice » – ont militairement envahi, politiquement asservi, culturellement dégradé, économiquement exploité et pillé des dizaines de pays et de peuples à travers le monde !

> Source des descriptions artistiques de ce bas-relief
> Article de Wikipédia sur le colonialisme
Esby, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le bas-relief situé sur le côté sud du piédestal dresse une liste de marins illustres. Sur la page de gauche du livre placé à gauche du personnage central, le premier nom qui apparait est celui de Pythéas (Πυθέας), un astronome grec considéré comme l’un des plus anciens explorateurs scientifiques ayant laissé une trace dans l’Histoire. En effet, vers 325 avant notre ère, Pythéas a effectué un voyage dans les mers du nord de l’Europe. Parti de Massalia (la cité grecque fondée par les Phocéens sur l’emplacement actuel de la ville de Marseille), Pythéas a rejoint l’Atlantique en passant par le détroit de Gibraltar ou, autre hypothèse, en utilisant le réseau fluvial de la Gaule aquitaine permettant d’atteindre l’estuaire de la Gironde. Son itinéraire longe les côtes occidentales de la Gaule puis de la Germanie et le conduit jusqu’à l’embouchure de la mer Baltique. Il part ensuite en direction de l’ouest, longe la Grande-Bretagne et, poussant plus au nord au large des Orcades, atteint une région où la nuit ne dure que deux heures. Il évoque également une île située sur le cercle arctique ainsi qu’une zone de la mer où la navigation devient impossible (la banquise ?). Ses travaux décrivent le phénomène des marées (inconnus des peuples méditerranéens) et son lien avec les cycles lunaires. Ils décrivent également les phénomènes polaires ainsi que le mode de vie des populations du nord de l’Europe. Enfin, ils vont contribuer à apporter plus tard la preuve de la sphéricité de la Terre.

> En savoir plus sur Pythéas

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