1) Extrait du journal Alternative libertaire
Affaiblie par des décennies de contrôle stalinien, par des impasses structurelles autour des micro-syndicats d’entreprise, par une difficulté à recruter et à former une nouvelle génération militante, la CGT se prépare à vivre son 53e congrès fin mars. Jamais un congrès n’aura été si peu préparé à la base alors même que les enjeux n’ont jamais été aussi importants.
Depuis la scission Force Ouvrière en 1947, les désaccords importants dans la CGT étaient résolus dans les instances équivalentes du Parti Communiste Français (PCF). L’effondrement de cette hégémonie est une libération, mais nécessite de réapprendre à faire vivre la démocratie syndicale et de la libérer du poids des affrontements entre factions bureaucratiques issues de la mouvance PCF. Car si les enjeux sont considérables, ils ne se jouent hélas pas entre « réformistes » et « révolutionnaires », mais entre différentes évolutions possibles : retour vers le passé ou poursuite des ouvertures récentes.
La candidature au poste de secrétaire général·e portée par la direction sortante, celle de Marie Buisson, symbolise la poursuite d’évolutions positives, parfois hésitantes, parfois contradictoires, sur la démocratie et le pluralisme interne, sur des questions politiques majeures autour de l’écologie et du féminisme. Elle est sortie plutôt confortée du dernier Comité Confédéral National « de crise » début février, avec une séance de nuit jusqu’à cinq heures du matin ! Les critères sur la composition de la Commission exécutive confédérale (CEC), sur la présentation paritaire femme-homme de candidatures à la CEC par les structures syndicales, qui étaient contestés, ont été réaffirmés. Les différentes nuances de nostalgiques se sont montrées incapables de présenter une candidature crédible laissant toute la place à Olivier Mateu (secrétaire général de l’Union départementale des Bouches-du-Rhône) dont les postures outrancières et le fractionnisme grand public repoussent vers Marie Buisson une partie des cadres hésitant·es.
C’est qui le chef ?
Si les secteurs nostalgiques de la grande époque stalinienne ne parviendront sans doute pas à s’emparer du poste de secrétaire général, ils vont s’efforcer de construire une CEC qui pourrait paralyser non seulement la secrétaire générale et les évolutions positives, mais dans le même élan toute la CGT. La mandature de Philippe Martinez aura mis en évidence la relative impuissance d’un secrétaire général face aux baronnies syndicales qui détournent à leurs profits le concept du fédéralisme.
Poursuivre les ouvertures
Au sujet de l’intégration des enjeux écologiques et féministes (voir l’article du mois de février décryptant le document d’orientation de ce congrès), des choix décisifs vont être pris : stop ou encore pour l’alliance écologique et sociale (comme « Plus Jamais Ça ») ? Stop ou encore pour la cellule de veille contre les violences sexistes et sexuelles au sein de la CGT ?
Alors que le document d’orientation de ce congrès n’a pas un mot sur l’Ukraine (ce qui illustre les limites de l’ouverture…), les plus déterminé·es des nostalgiques préparent une offensive d’amendements favorables à Poutine. À Clermont-Ferrand comme en Ukraine, il sera vital de leur infliger une défaite !
> Source de cet article
2) Article du blog « Communistes libertaires de la CGT » au sujet des candidatures au poste de secrétaire général
Depuis plusieurs mois, un regroupement hétéroclite de réseaux et de fractions politiques et bureaucratiques aux motivations variées tente de faire entendre une petite musique de fond selon laquelle Marie Buisson, candidate proposée par Philippe Martinez et désignée par la CEC sortante, ne serait pas une « candidate faisant l’unanimité ».
Pour alimenter ces éléments de langage, plusieurs types d’arguments ont été mis en circulation :
- Elle ne serait pas « représentative de la CGT et du prolétariat » car prof (en lycée professionnel).
- Elle viendrait d’une « petite fédération », qui n’aurait jamais gagné aucune lutte notable.
- Elle représenterait un « tournant réformiste » par le lien avec les ONG dans le cadre de « Plus jamais ça » et le positionnement de la FERC pour l’unification syndicale avec la FSU et SUD, et serait prétendument « proche d’EELV ».
- Sa candidature ne serait pas « démocratique », car proposée par le SG sortant et la CEC sortante.
À l’opposée, la (non-encore officialisée) candidature de Céline Verzeletti serait, selon ces réseaux plus « rassembleuse » et plus « démocratique » (sic). D’ores et déjà, on ne peut que s’étonner de cette affirmation péremptoire, car reprenons un à un les prétendus arguments pour développer la petite musique d’opposition à la candidature de Marie Buisson :
- Une gardienne de prison plus « représentative du prolétariat » qu’une prof de lycée professionnel, vraiment ? Les camarades fondateurs de notre confédération, qui refusaient initialement la syndicalisation des forces répressives de l’État et qui ont connu pour un grand nombre la prison voire le bagne, doivent se retourner dans leur tombe.
- L’UFSE comme fédération d’affiliation est encore plus petite que la FERC et on ne peut pas vraiment dire que son orientation tranche par son caractère révolutionnaire ni que sa capacité à mener des luttes, ne serait-ce que sur les salaires, ait été couronnée de succès (a contrario, la FERC, dans les secteurs du sport et de l’éducation populaire, a obtenu des revalorisations salariales de branche supérieures à l’inflation et connaît une progression constante de nombre d’adhérentes et d’adhérents, dans le public comme dans le privé).
- Céline Verzeletti est une membre du bureau confédéral sortant, contrairement à Marie Buisson, qui n’y a été intégrée que postérieurement à l’annonce de sa candidature. Céline Verzeletti est donc certainement plus « comptable » des décisions prises par le BC sortant que Marie Buisson, qu’on les soutienne ou qu’on les condamne. La participation à « Plus jamais ça » a bien été prise dans le cadre des instances de la CGT, comme en atteste le relevé de décisions de la CEC, et l’objectif d’une réunification est affirmé à l’article 1 des statuts, qui affirme que la CGT « agit pour un syndicalisme démocratique, unitaire et indépendant au service des revendications des salariés ».