Le racisme antiméridional

carte-de-france-et-racisme-antimeridionalL’antiméridionalisme est une haine à l’encontre des gens vivants dans le tiers sud de la France. C’est une idéologie raciste qui va plus loin que les stéréotypes populaires ou littéraires se moquant et/ou folklorisant les méridionaux.

Quelques exemples :

En 1748, l’écrivain et philosophe français Montesquieu écrivait dans son livre « L’esprit des lois » :

Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez des pays du Midi, vous croirez vous éloigner de la morale même. Des passions plus vives multiplieront les crimes.

En 1885, l’écrivain français Joris-Karl Huysmans déclarait à propos des méridionaux :

Ce ne sont pas du tout des français mais des espagnols, des italiens, […] des latins mâtinés d’arabes.

En novembre 1942, l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline (proche des milieux d’extrême droite pro-nazis à partir de la fin des années 1930) décrivait les méridionaux de la façon suivante :

Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié.

À la lecture de ces trois citations, on constate que l’antiméridionalisme est un racisme à la fois biologique, géographique et culturel qui a beaucoup de points communs avec tous les autres racismes (contre les juifs, les noirs, les arabes, les peuples de l’Europe du Sud, etc.).

Plusieurs épisodes de l’histoire de France ont vu l’antiméridionalisme se déchaîner. Citons par exemple :

  • L’écrasement de la résistance varoise de 1851 face au coup d’État de Napoléon III.
  • L’opposition de la droite cléricale et de l’extrême droite à la lutte menée par les forces progressistes méridionales, de la fin du XIXe siècle au début du XXe, pour la séparation des Églises et de l’État.
  • La répression en 1907 de la révolte des vignerons (appelée aussi « révolte des gueux du Midi »).
  • La cabale menée par le ministre de la Guerre contre le XVe corps d’armée (regroupant notamment des provençaux) afin de lui mettre sur le dos la déroute infligée par l’armée allemande à l’armée française en août 1914.

Aujourd’hui, si l’antiméridionalisme est moins vivace qu’auparavant, il n’a pas complètement disparu. On le retrouve notamment dans la tendance glotophobe consistant pour les entreprises, les institutions, les médias, le théâtre et le cinéma à discriminer les méridionaux à cause de leur accent (concernant le cinéma, le dernier exemple en date est le choix d’une actrice n’ayant pas l’accent du Midi pour interpréter le rôle d’Olympe de Gouges, écrivaine, philosophe, journaliste et femme politique du XVIIIe siècle qui avait un fort accent méridional). L’antiméridionalisme est également présent dans les couches bourgeoises et/ou technocratiques de la société méridionale où il se mélange avec le mépris de classe typique des possédant·es et des élites. Et il se renforce avec l’installation dans le sud de la France de plus en plus de privilégié·e venu·es d’autres régions et se comportant comme des colons. La seule survivance d’un antiméridionalisme virulent se trouve chez des supporters de foot, à la fois extérieurs au Midi de la France & militants d’extrême droite. De manière plus anecdotique, on peut également citer le chanteur français Orelsan qui en 2011 déclarait dans sa chanson « Suicide social » : Adieu les sudistes abrutis par leur soleil cuisant, leur seul but dans la vie c’est la troisième mi-temps, accueillant, soi-disant, ils te baisent avec le sourire, tu peux le voir à leur façon de conduire.

En savoir plus :
> Comment s’est forgé le racisme anti-méridional
> La haine du Midi dans la France de la Belle Époque
> Antiméridionalisme français sous la Troisième République

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