Réflexions sur le mouvement de lutte contre la réforme des retraites

Extrait d’un article publié dans le numéro de juillet-août du journal « Alternative Libertaire » : […] En bien des endroits, des AG autoqualifiées d’ « interpro » ou « intersecteurs » ont été réunies. Mais, faute de grèves durables et d’AG de grévistes ancrées dans les boîtes, elles ont moins servi à coordonner les luttes qu’à monter des actions collectives – blocages, popularisation, caisses de solidarité. Les communistes libertaires ont pu y prendre part en étant lucides sur leurs limites. Raffineries, énergie, docks, rail, traitement des déchets, Éducation nationale… De salutaires grèves reconductibles, avec leurs logiques et dynamiques propres, ont démarré dans ces secteurs. Mais on a encore vécu le phénomène de la « grève par procuration », qui con­siste à applaudir l’action des secteurs dits « bloquants », sans se mettre en grève soi-même… Or les travailleuses et travailleurs de la SNCF comme de la RATP sont de plus en plus rétifs à jouer le rôle de « locomotives ». Il faut se débarrasser de l’idée qu’il y a des secteurs « non bloquants », surtout dans une lutte qui concerne l’ensemble du prolétariat ! Continuer de lire Réflexions sur le mouvement de lutte contre la réforme des retraites

Néoréformisme : gare au nouvel « espoir à gauche » !

Éditorial du numéro de juin 2022 d’Alternative Libertaire, le journal de l’UCL (Union communiste libertaire) : Aujourd’hui, parce que LFI a un programme néoréformiste et des chances d’accéder au pouvoir, on assiste au retour d’un phénomène disparu depuis près d’un quart de siècle : l’ « espoir à gauche ». La présidentielle de 2022 a recomposé le paysage politique en trois pôles : la droite autour de LRM/Renaissance ; l’extrême droite autour du RN ; la gauche autour de La France insoumise. Le leadership de LFI déplace le centre de gravité de la gauche de gouvernement. Pas jusqu’à la « gauche radicale » comme on l’entend parfois dans les médias, mais vers un néoréformisme. Avec un programme certes moins radical que le Programme commun de 1972 ou les « 110 propositions » du PS de 1981, mais nettement plus que la Gauche plurielle (PS-PCF-Verts-MDC-PRG) de 1997. Cela faisait longtemps que la social-démocratie était morte dans ses prétentions à changer la vie ; elle n’était même plus réformiste ; l’électorat n’en attendait plus rien ; Hollande à l’Élysée, en 2012, avait été un non-événement. Aujourd’hui, parce que LFI a un programme néoréformiste et des chances d’accéder au pouvoir, on assiste au retour d’un phénomène disparu depuis près d’un quart de siècle : l’ « espoir à gauche ». Des pans entiers de l’électorat et du mouvement social vont y voir le salut. Cela peut bousculer les révolutionnaires qui avaient perdu l’habitude de compter avec un tel acteur dans le paysage. À nous de savoir nous appuyer sur la politisation positive que ce néoréformisme peut entraîner, tout en prévenant contre les illusions qu’il véhicule : prétendre créer une société écologique et sociale sans rompre avec le capitalisme ? C’est impossible. Continuer de lire Néoréformisme : gare au nouvel « espoir à gauche » !