Biographie militante de mon grand-père paternel, Charles Dussart (1901-1971)

dussart-charlesMon grand-père paternel, Charles Ferdinand DUSSART, voit le jour le 20 décembre 1901 à Reims (Marne). Il est le fils dit « naturel » d’Ève Joséphine Marie HAXAIRE (employée de maison et couturière). Né de père inconnu, il porte le patronyme de sa mère. Dès sa naissance, il est placé en nourrice dans une famille de Saint-Quentin (Aisne). Vers l’âge de 7 ans, il est pris en charge par une famille d’accueil de Valenciennes (Nord) où il subit de mauvais traitements. Le 28 septembre 1912 à Onnaing (Nord), sa mère se marie avec Léon DUSSART, un ouvrier venu de Lorraine pour travailler à la fosse Cuvinot (la mine de charbon exploitée alors à Onnaing). Léon reconnait les enfants « naturels » de son épouse (mon grand-père et sa sœur) mais il meurt sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Mon arrière-grand-mère ne pouvant pas subvenir aux besoins de son fils, elle le confie à l’Assistance publique et ce n’est qu’en 1920 que mon grand-père apprend qu’il s’appelle désormais DUSSART.

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Annonce d’une réunion du groupe anarchiste d’Onnaing organisée chez mon grand-père (publiée le 25 octobre 1924 dans le journal « Le Libertaire »)

Devenu adulte et surnommé Charlot par ses voisins, amis, collègues de travail et camarades, mon grand-père milite au sein du groupe anarchiste d’Onnaing (qui se réunit à son domicile) et de la fédération Nord Pas-de-Calais de l’Union anarchiste (UA).

De 1919 à 1923, il est ouvrier métallurgiste à l’usine VENOT d’Onnaing. À propos de ce travail, ma grand-mère m’a raconté une anecdote. Chaque début janvier, c’était la distribution des étrennes. Tous les ouvriers y avaient droit… sauf mon grand-père ! Discrètement, le patron venait le voir près de sa machine et lui disait : « Charles, vous êtes un bon ouvrier ; vous méritez vos étrennes. Mais comprenez, vis-à-vis des autres, je ne peux pas en donner à un anarchiste ».

Le 7 juin 1924, il épouse Laure BOULANGER (dite Ferdinande), ouvrière à la faïencerie d’Onnaing. À cette époque, il habite au 92 rue de l’Industrie à Onnaing et travaille comme chauffeur-livreur pour une brasserie locale.

Le 1er novembre 1924, il participe au congrès de la Fédération Nord Pas-de-Calais de l’Union anarchiste (UA) qui se tient à Onnaing et il est nommé secrétaire de cette fédération.

Entre 1925 et 1926, il héberge à son domicile (28 rue Giraud à Onnaing) un militant espagnol de la Confédération nationale du travail (CNT) exilé en France à cause de la dictature de Primo de Rivera.

En février 1925, il organise une tournée de propagande de l’anarchiste Louis LORÉAL dans la région Nord Pas-de-Calais (Lille, Carvin, Roubaix, Ablain-Saint-Nazaire, Wattrelos, Marcq-en-Barœul, Seclin, Onnaing et Maubeuge).

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Nouvelles de la tournée de propagande de la Fédération Nord Pas-de-Calais de l’Union anarchiste organisée par mon grand-père (annonce publiée le 24 janvier 1925 dans le journal « Le Libertaire »)
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Nouvelles de la Fédération Nord Pas-de-Calais de l’Union anarchiste (annonce publiée le 10 février 1925 dans le journal « Le Libertaire »)

En 1936, en présence de Sébastien FAURE (qu’il a déjà reçu auparavant pour une conférence), il participe au cinéma d’Onnaing à la projection d’un film sur la situation en Espagne (résistance armée du prolétariat espagnol au soulèvement nationaliste et mise en place d’une révolution autogestionnaire de grande ampleur dans plusieurs régions du pays). La salle est comble et, à l’issue de la projection, les gens applaudissent avec enthousiasme (« Ton grand-père était tellement heureux qu’il en avait les larmes aux yeux » me confiera ma grand-mère à la fin des années 1970 alors que je lui posais des questions sur l’engagement politique de mon grand-père).

En 1938, il figure parmi les abonné·e·s du journal « Le Libertaire » et réside au 16 ter rue Giraud à Onnaing. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est prisonnier en Allemagne et, par crainte de la répression, ma grand-mère détruit tout le matériel militant stocké à leur domicile.

En 1945, à son retour à Onnaing, il s’installe comme barbier, cafetier puis artisan-coiffeur et abandonne progressivement toute activité militante au sein du mouvement libertaire.

Néanmoins, jusqu’à son décès (survenu le 29 décembre 1971 à Onnaing), il propage autour de lui de la propagande néo-malthusienne en faveur de la contraception et de la limitation des naissances et, de temps en temps, continue à chanter avec ma grand-mère une chanson de Charles d’Avray intitulée Loin du rêve.

NB : Les coupures de presse illustrant cet article sont extraites du site internet de l’athénée libertaire Estel Negre
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