Travaillons tou·te·s, moins et autrement ! Trabalhem totei, mens e autrament !

Ci-dessous quelques images (d’origines diverses) sur le thème du travail, sa durée, son partage entre toutes et tous, ses finalités, son organisation…

Et voici, sur le même thème, quelques extraits du cahier revendicatif de l’Union syndicale Solidaires :

1 – Le partage du temps de travail

Pour Solidaires, l’alternative doit reposer sur une réduction drastique du temps que l’on consacre au travail, dans une vie, une année, un mois, une semaine, une journée. Nous voulons une réduction hebdomadaire du temps de travail à 32 heures, voire moins, déclinable selon les secteurs, sans flexibilité, ni perte de salaire, avec respect des périodes de repos et avec des embauches compensatoires. Il faut l’inscrire dans un processus de réduction plus important encore, tourné vers la transformation sociale et écologique. Cela implique :

  • Le partage du temps de travail, la semaine à 32 heures sans perte de salaire et compensées par du recrutement équivalent au temps partagé.
  • Les 32 heures avec un aménagement du temps de travail devant respecter les conditions de travail, la vie privée des travailleurs et travailleuses, le travail de nuit et de week-end étant des régimes horaires d’exception.
  • L’aménagement du temps de travail de la semaine de 32 heures en quatre jours inscrite comme durée légale du temps de travail dans le Code du travail.
  • Des garanties contre la flexibilité horaire, l’annualisation, les modulations et les dérogations du temps de travail.
  • L’obligation de deux jours de repos consécutifs chaque semaine dont le dimanche. Si le travail est vraiment indispensable le dimanche ou un jour férié, une majoration en temps, et/ou en argent a minima de 100 % doit être donnée, au choix des salarié-es, pour le travail effectué ces jours-là.
  • La suppression du forfait jour.
  • L’encadrement strict des horaires de travail et le renforcement de l’inspection du travail avec pour mission de les contrôler.

2 – Redonner du sens au travail avec des emplois utiles

La revendication du droit à l’emploi pour toutes et tous doit s’accompagner d’une analyse critique de la finalité et de la nature des productions, et tenir compte des impératifs écologiques. La recherche et les innovations technologiques doivent être tournées vers la disparition d’emplois pénibles, permettre d’alléger et de faire évoluer le sens du travail pour les salarié-es. Il ne s’agit pas de réduire les effectifs sans reconnaître, de plus, les nouvelles compétences. La priorité donnée aux besoins sociaux (santé, protection sociale, logement, éducation, transports et équipements collectifs…) doit permettre d’envisager un autre type de développement, une critique du productivisme, et la création d’emplois répondant aux besoins sociaux et soucieux de l’environnement.

3 – Socialisation, autogestion et démocratie

Solidaires défend l’appropriation, la socialisation, la démocratisation des moyens de travail, de production, de vie, des biens communs ». Ces moyens de changer la société posent une alternative de fond. Nous décidons de poursuivre la réflexion dans nos syndicats et Solidaires locaux sur ces sujets. La crise sanitaire nous a montré que nous avons besoin à court terme de disposer d’un projet concret d’organisation qui permette un mode de fonctionnement de nos secteurs et de nos territoires qui soient sous le contrôle des travailleuses et travailleurs et de la population. C’est une réflexion qui part du réel, en questionnant le lien et l’utilité sociale, qui concerne aussi bien les services publics, que les structures associatives et que les entreprises. Il faut envisager les interactions entre secteurs, les circuits d’échanges et de productions du local à l’international et réciproquement. Dans ce sens, nous construisons une alternative au système capitaliste et à des rapports sociaux où les inégalités et les discriminations sont nombreuses. La question démocratique suppose que l’on détermine au préalable le mode de décision, dans la recherche de l’émancipation des travailleuses et des travailleurs. Cette recherche d’émancipation engendre nécessairement une réflexion sur l’organisation du travail et de la production des biens et services, en particulier par celles et ceux qui y contribuent, mais pas seulement. Une des voies possibles est l’autogestion. L’autogestion va bien au-delà de la simple détermination d’un mode de décision. Elle remet radicalement en cause la spoliation et l’aliénation des travailleurs et travailleuses par le capital et/ou l’État en proposant des formes d’appropriation collective des moyens de production et de répartition des richesses créées.

Notre syndicalisme de transformation sociale n’est pas une utopie irréaliste : nous le développons dans nos luttes quotidiennes, dans nos pratiques. Nous cherchons à déterminer un maximum de biens communs qui doivent échapper au marché au nom de l’intérêt général. La crise sanitaire a rappelé qu’une société est une entité collective, elle ne fonctionne pas sans des constructions collectives appelées usuellement services publics. À l’inverse du désengagement croissant de l’État et de la mise à mort systématisée des services publics, Solidaires revendique la socialisation des corps indispensables au fonctionnement d’une démocratie.

L’ensemble des professions et des acteurs liés directement aux secteurs de productions, d’activités et de services vitaux tels que l’habitat, l’éducation, l’agroalimentaire, la médecine, la justice, l’énergie, les moyens de communication et d’information, le transport, etc. seront intégré-es dans les domaines des services publics. Des caisses socialisées organiseront la production et la répartition de cette dernière en fonction des besoins, déterminés démocratiquement.

La socialisation est une réappropriation des outils de production ou des biens produits par les personnes qui produisent, qui travaillent, qui en ont besoin ou qui sont d’une façon ou d’une autre concernées. Elle se différencie de la nationalisation (ou étatisation) qui met la propriété et le contrôle dans les mains de l’État, et parfois sans objectif social. Elle intègre une dimension démocratique supplémentaire qualifiée d’autogestion.

Ce qui guide l’idée autogestionnaire c’est que toute personne doit pouvoir décider de ce qui l’impacte, la concerne. Pour autant, Solidaires ne propose pas de projets de société clefs en main. Nous avons comme horizon une société d’émancipation. Plusieurs voies peuvent être empruntées. Ce sont les actrices et acteurs du changement qui définiront elles-mêmes et eux-mêmes le monde qu’elles et ils souhaitent lors de ce changement que l’on espère proche de nous. Mais en attendant, il nous semble important de pointer une conception de la société vers laquelle l’on souhaite aller, que l’on peut défendre et proposer à la discussion.

Notre conception de l’autogestion a comme principe la recherche du consensus, la démocratie directe, la prise de décision par les gens concernés, une gestion collective égalitaire et démocratique. L’autogestion est une des voies à suivre et qui peut s’imaginer à différentes échelles. À l’échelle d’un collectif de travail, il s’agit de l’idée que les personnes qui travaillent décident de la façon dont s’organise le travail. Au-delà du collectif de travail propre à l’entreprise ou au service, l’autogestion se comprend également comme la définition démocratique par la collectivité et la population de ses besoins et de la façon d’y répondre.

L’auto-organisation et la démocratie dans nos luttes doivent être également réaffirmées puisque c’est le seul moyen de maintenir la maîtrise du mouvement par les grévistes. Pour prendre le chemin de l’autogestion, le travail local des équipes militantes auprès des collègues est primordial. Des victoires modestes obtenues collectivement démontrent qu’il est possible de s’approprier ensemble nos cadres de travail. En interne, nous nous devons aussi d’améliorer nos fonctionnements en nous inspirant des pratiques autogestionnaires que nous revendiquons dans le monde du travail. L’autogestion passe aussi par la mise en œuvre au sein de lieux de militantisme, de nos valeurs de respect entre militant-es, de non-domination, d’égalité et de conscientisation de ces questions à tous les niveaux. Nous devons disposer d’outils pour préserver la transmission des contenus « politiques » de ce qu’est Solidaires (positionnements revendicatifs, modes de fonctionnement), et de créer les conditions favorables à la participation des femmes, des jeunes militant-es. Il faut favoriser des cadres d’échanges complémentaires attractifs pour les militant-es (journées stratégies, des Solidaires locaux, les formations préparation du 8 mars, amiante…) et les méthodes de l’éducation populaire peuvent y aider notamment lors des formations. […]

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