En flânant dans les ruelles du vieux Toulon, on tombe inévitablement sur le bâtiment qui a hébergé l’ancienne Bourse du travail. Un panneau (voir photo ci-contre) évoque la rénovation de l’édifice. À ce propos, voici quelques précisions. Le 13 novembre 1995, évoquant l’état du bâtiment hébergeant la Bourse du travail depuis 1930, Jean-Marie Le Chevallier (maire FN de Toulon de juin 1995 à mars 2001) publie un « arrêté d’interdiction d’occupation ». En 1997, les organisations syndicales sont obligées de quitter les lieux et l’édifice est laissé à l’abandon. En 2003, la Ville de Toulon vend l’ancienne bourse à la communauté d’agglomération Toulon-Provence-Méditerranée (TPM). Puis, en 2013, TPM la vend (avec un bâtiment et un terrain attenants) à une société publique locale d’aménagement qui, après deux ans de travaux, transforme cet ensemble (classé comme « édifice au caractère patrimonial particulièrement remarqué » pour son histoire et ses qualités architecturales) en un vaste espace dédié aux activités commerciales et tertiaires.
À quelques mètres du panneau évoquant cette opération de rénovation, une plaque rappelant la fonction d’origine de l’édifice est fixée au mur (voir photo ci-dessous).
Concernant le nom de la rue dans laquelle se trouve l’ancienne Bourse du travail, j’en profite pour corriger une petite erreur. En effet, la plaque de rue mentionne un certain Ferdinand Pelloutier (voir la photo figurant au début de cet article). Or, Pelloutier se prénommait Fernand… et non Ferdinand ! Quoiqu’il en soit, cette rue ne porte pas le nom de Pelloutier par hasard car ce militant anarcho-syndicaliste, né en 1867 et mort en 1901, est une des grandes figures du mouvement ouvrier au XIXe siècle. En 1895, il est élu secrétaire général de la Fédération des bourses du travail. Sous sa direction, leur nombre des bourses progresse fortement, passant de 33 en 1894, à 81 en 1901. Par leur vocation et leur fonction, ces lieux apparaissent aux yeux des exploités plus efficaces et plus pragmatiques que les simples syndicats de métier.

Pour Pelloutier, les bourses du travail sont l’expression du syndicalisme intégral. Pensées comme des organisations de solidarité, elles sont dotées de divers services de mutualité : bureaux de placement, caisses de solidarité, caisses de maladie, de chômage, de décès… On y trouve aussi des bibliothèques destinées à permettre aux travailleurs de mieux comprendre leur situation par les lectures d’Adam Smith, Proudhon, Marx, Kropotkine, Zola, Bakounine, etc. Pelloutier y organise également des cours du soir. Il s’attachera autant à développer les bourses qu’à maintenir leur autonomie dans le cadre de la CGT.