La Federacion anarquista-communista d’Occitània (1969 – 1976)

OCCITANIA-LIBERTARIA-couv-juin-1975En rangeant un carton d’archives, je suis tombé sur un vieux numéro d’Occitània libertària, un journal publié dans les années 1970 par la FACO (Federacion anarquista-communista d’Occitània). La FACO était une organisation politique fondée après Mai 68 par Guy Malouvier (correcteur d’imprimerie, secrétaire d’édition puis employé dans l’industrie métallurgique), Joan-Pau Verdier (chanteur périgourdin) et Gérard Bodinier (journaliste au quotidien régional Le Provençal). Elle était composée d’une quinzaine de groupes et d’une centaine de militant·es. Son emblème était un drapeau rouge & noir frappé de la croix occitane et de l’astrada (étoile à sept branches représentant les sept provinces de l’Occitanie historique : Auvergne, Dauphiné, Gascogne, Guyenne, Languedoc, Limousin et Provence). La FACO a disparu en 1976 pour des raisons que j’ignore.

embleme-de-la-Federation-anarchiste-communiste-d-Occitanie_1969-1976
emblème de la FACO

Extraits de la plateforme de la Federacion Anarquista-Communista d’Occitània (FACO) :

La FACO considère comme occitan toute personne qui vit et lutte dans l’espace historique, linguistique et socio-économique occitan (quelle que soit sa race ou son origine ethnique) ainsi que toute la population occitane issue de la communauté ethnolinguistique, émigrée économiquement vers les grandes métropoles du capitalisme français, italien, espagnol, etc. ou exilée dans d’autres terres.

La FACO veut préserver et développer, selon les principes du fédéralisme libertaire afin d’éviter tout danger de centralisme et en ne privilégiant aucun dialecte en particulier, les sept grands complexes dialectaux d’Occitanie : limousin, auvergnat, provençal alpin, languedocien, guyennais, provençal et gascon, puisque l’existence et la diversité font l’unité profonde de notre terre et de notre peuple. Le processus unificateur de la langue ne peut naître que de l’effort conscient du peuple occitan. Pour cette raison, nous condamnons toute tentative d’un langage synthétique unifié, préparé par un groupe de spécialistes, préalable à notre unité nationale. L’unification linguistique sera corrélative à la conscience nationale du peuple occitan. La FACO opte pour l’orthographe classique (Institut d’Estudis Occitans).

La FACO se constitue sous la forme d’une organisation anarcho-communiste spécifique. Elle lutte pour promouvoir le communisme libertaire en Occitanie et appartient à la trajectoire historique et sociale du mouvement ouvrier révolutionnaire comme la Commune de Paris de 1871, l’Ukraine de 1917-1918, la Commune de Kronstadt de 1921, la Catalogne et l’Aragon de 1936-1939.

La FACO s’opposera à la création de toute forme d’État-nation occitan car il considère cette phase « intermédiaire » inutile et dangereuse. Elle se prononce pour l’établissement immédiat dans les terres d’Occitanie du socialisme sans État, au moyen d’une confédération des communes libres d’Occitanie.

La FACO se considère comme une organisation révolutionnaire. Elle œuvre à une transformation radicale de la société occitane, rejetant toute forme de réformisme, qui ne fait que perpétuer l’État, la domination de classe, l’injustice sociale, et ainsi maintenir l’humanité dans un état d’assujettissement qui favorise son exploitation.

La FACO est anti-parlementariste. L’organisation ne pourra pas, sans abjuration et annulation en tant que telle, se transformer en parti, dans le but, par exemple, de participer aux élections et de tromper le jeu démocratique. La FACO, fidèle à la lutte de l’anarchisme, promeut l’action directe et l’autogestion généralisée depuis la base.

L’objectif de la FACO – le regroupement des anarchistes révolutionnaires d’Occitanie sur la base théorique et pratique du projet communiste libertaire – doit s’articuler dans la réalité occitane des luttes, et concrètement dans le développement d’un large mouvement révolutionnaire anti-autoritaire. Cette détermination implique de rejeter, désormais, toute forme de collaboration de classe, puisqu’elle conduit à la liquidation de la révolution sociale au profit d’une hypothétique et contradictoire unité nationale, dans ses desseins, contraires aux intérêts de la classe ouvrière d’Occitanie.

La FACO est internationaliste. Son combat ne s’arrête pas au cadre occitan car la fraternité révolutionnaire étend son action partout où le prolétariat lutte pour sa libération.

Ma position concernant l’un des aspects abordés dans la plateforme de la FACO :

Dans un texte adopté à fin des années 70 (ou au début des années 80 ; je n’ai pas noté la date exacte dans mes archives), le premier plénum des syndicats CNT du Pays basque sud écrivait la chose suivante.

CNT Sindikatua Pays basque sudNotre solution au problème national du Pays basque est le fédéralisme libertaire, pour obtenir la liberté du peuple basque comme celle de tous les peuples du monde. La CNT ne se limite pas uniquement et exclusivement au problème de l’autonomie du Pays basque comme quelque chose d’unique en son ensemble. La CNT lutte en plus pour l’autonomie des communautés qui le composent et, dans ces communautés, pour celle des individus qui les forment. Par-là, la CNT va plus loin que les mouvements indépendantistes du Pays basque qui prétendent créer un État national car elle lutte, elle, pour l’indépendance intégrale de l’individu et pour l’autonomie de chacune des entités naturelles de population dans leurs zones géographiques respectives.

Personnellement, je partage l’approche présentée dans ce texte de la CNT du Pays basque sud car je pense que le fédéralisme libertaire (ou autogestionnaire selon le terme que l’on préfère) prend en compte non seulement les communautés humaines et leurs particularismes culturels (à ne pas confondre avec les nations, produits artificiels de l’idéologie d’État), mais aussi les individus et les collectivités qui les composent économiquement, politiquement et culturellement. Cela va bien plus loin que certaines revendications régionalistes ou indépendantistes. Et puis cela concerne toutes les entités géographiques ainsi que tous ceux et toutes celles qui peuplent ces entités (quelles que soient leurs origines, leurs langues, etc.).

2 réflexions sur “La Federacion anarquista-communista d’Occitània (1969 – 1976)

  1. Régionalisme et indépendantisme (Catalogne, Bretagne…)veulent un changement de maître sans rien changer au système actuel. La félicité c’est être dirigés par les nôtres !

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    1. Raison de plus pour tenter de donner un caractère libertaire aux mouvements de libération nationale (dans le cas des pays colonisés ou en but à l’impérialisme) ainsi qu’aux mouvements de lutte contre le centralisme jacobin (comme en France métropolitaine) !

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