Hommage à mon ami et camarade Jean-Claude Lemaire (1950-2025)

Jean-Claude est décédé au Nicaragua le 2 mai 2025 à l’âge de 75 ans en raison d’une blessure au pied mal soignée. Né le 8 juin 1950 à Hellemmes (59), Jean-Claude fait ses études au lycée Baggio de Lille au sein de la filière imprimerie. Il devient ensuite ouvrier typographe et exerce ce métier pendant plusieurs années. Mais, lorsque les imprimeries abandonnent la technique typographique pour passer au numérique, Jean-Claude se retrouve au chômage. En 1993, il est embauché au CRDP (Centre régional de documentation pédagogique) du Nord Pas-de-Calais, un établissement public rattaché à l’Académie de Lille. Pendant près de 7 ans, il y enchaîne des contrats divers et variés, tous à durée déterminée : un contrat CES d’un an, trois contrats dits « sur ressources propres » (d’un an chacun), un contrat d’agent contractuel de trois mois et, enfin, six contrats de six mois chacun sur cette même appellation… soit un total de 11 contrats précaires ! À la fin des années 1990, après avoir milité pendant plusieurs années au PCF et à la CGT, Jean-Claude décide de rejoindre le mouvement libertaire et d’adhérer à la CNT, une organisation anarcho-syndicaliste et syndicaliste révolutionnaire alors en plein développement à Lille. Continuer de lire Hommage à mon ami et camarade Jean-Claude Lemaire (1950-2025)

Mort de Jean-Marie Honoret, figure du mouvement des chômeurs de l’hiver 1997

Jean-Marie Honoret (aux côtés duquel j’ai eu le plaisir de lutter pendant plusieurs années lorsque je vivais dans la région Hauts-de-France) est décédé le 23 janvier 2025 à Arras à l’âge de 64 ans. Jean-Marie a d’abord exercé le métier de boulanger-pâtissier à Bully-les-Mines. Il a ensuite connu une longue période de chômage durant laquelle il a milité au sein de l’ADEPA (Association d’aide aux demandeurs d’emploi et aux précaires de l’Audomarois), d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage) et du syndicat CNT des travailleurs précaires et privés d’emploi de Béthune. Du 15 décembre 1997 au 10 janvier 1998, Jean-Marie fit la une des médias régionaux et nationaux en occupant pendant plus d’un mois le siège de l’ASSEDIC d’Arras avec plusieurs personnes privées d’emploi comme lui. Une action qui a fait tache d’huile dans tout l’hexagone, qui lui a valu le surnom de « Robin des Bois » et qui a permis d’obtenir du gouvernement de l’époque le déblocage d’un […] Continuer de lire Mort de Jean-Marie Honoret, figure du mouvement des chômeurs de l’hiver 1997

Espagne, 19 juillet 1936 : a las barricadas !

Espagne, 19 juillet 1936. Face au coup d’État militaire déclenché deux jours auparavant par le général Franco, la résistance s’organise. Elle est avant tout le fait des syndicats et des organisations révolutionnaires. Le gouvernement de Front populaire, élu en février, reste impuissant. En Aragon, dans le Levant, dans une partie de la Castille et surtout en Catalogne, les armées « nationalistes » sont mises  en déroute par la seule mobilisation de la classe ouvrière, organisée majoritairement au sein de la Confederación Nacional del Trabajo, puissante organisation anarcho-syndicaliste. Continuer de lire Espagne, 19 juillet 1936 : a las barricadas !

Mémoire sociale de Toulon & La Seyne : biographie d’Antoine Martinez

Le mouvement libertaire varois a compté dans ses rangs des militant·es dont le parcours mérite qu’on s’y attarde. Tel est le cas d’Antoine Martinez (1917-1999), plus connu sous le surnom de Titine. Continuer de lire Mémoire sociale de Toulon & La Seyne : biographie d’Antoine Martinez

Histoire du syndicalisme révolutionnaire dans le Var de 1904 à 1939

Apparu en France en 1895 avec la création de la CGT (fusion de la Fédération des Bourses du Travail et de la Fédération nationale des syndicats), le syndicalisme révolutionnaire est issu du courant socialiste libertaire de l’Association internationale des travailleurs (dite « Première internationale »), une organisation fondée en 1864 qui a connu un fort développement en Provence entre 1868 et 1871. Dans le Var, le syndicalisme révolutionnaire ne se développe véritablement qu’à partir de 1904. À Toulon, si le courant syndicaliste révolutionnaire présent dans le syndicat des ouvriers du Port est minoritaire en termes d’élus au conseil d’administration (environ 10 % des sièges), ses militants exercent une forte influence sur l’ensemble des syndiqués et, par conséquent, les dirigeants du courant majoritaire (contrôlé par des socialistes modérés de la SFIO) doivent en tenir compte. Continuer de lire Histoire du syndicalisme révolutionnaire dans le Var de 1904 à 1939

Mémoire du Var : « Ange Tomas ou la lutte contre l’oubli »

En septembre 2015, la journaliste et chercheuse Joëlle Palmieri a consacré un long et beau portrait à Tomas-Cortes Angel (prénommé Ange en France), militant libertaire, anarcho-syndicaliste et résistant antifasciste né en 1921 à Cheste près de València (Espagne) et mort en 2020 à Méounes-lès-Montrieux (département du Var / France). Continuer de lire Mémoire du Var : « Ange Tomas ou la lutte contre l’oubli »

Journalisme, critique des médias, états généraux de la presse indépendante…

Aujourd’hui, de nombreux médias privés français sont sous la coupe de quelques milliardaires et les conflits d’intérêts se multiplient. Quant aux médias audio-visuels de service public, ils sont soumis à des logiques comptables et néo-libérales initiées par le gouvernement. Enfin, il existe depuis longtemps des liens étroits entre les pouvoirs politico-économiques et certains journalistes vedettes. Tout cela nuit au pluralisme et à la qualité de l’information. Cela dit, attention à ne pas mettre tous les journalistes dans le même sac ! Continuer de lire Journalisme, critique des médias, états généraux de la presse indépendante…

La Federacion anarquista-communista d’Occitània (1969 – 1976)

En rangeant un carton d’archives, je suis tombé sur un vieux numéro d’Occitània libertària, un journal publié dans les années 1970 par la FACO (Federacion anarquista-communista d’Occitània). La FACO était une organisation politique fondée après Mai 68 par Guy Malouvier (correcteur d’imprimerie, secrétaire d’édition puis employé dans l’industrie métallurgique), Joan-Pau Verdier (chanteur périgourdin) et Gérard Bodinier (journaliste au quotidien régional Le Provençal). Elle était composée d’une quinzaine de groupes et d’une centaine de militant·es. Son emblème était un drapeau rouge & noir frappé de la croix occitane et de l’astrada (étoile à sept branches représentant les sept provinces de l’Occitanie historique : Auvergne, Dauphiné, Gascogne, Guyenne, Languedoc, Limousin et Provence). La FACO a disparu en 1976 pour des raisons que j’ignore. Extraits de la plateforme de la Federacion Anarquista-Communista d’Occitània : « La FACO considère comme occitan toute personne qui […] » Continuer de lire La Federacion anarquista-communista d’Occitània (1969 – 1976)

Livre de l’IHS CGT du Var sur le soutien apporté au peuple espagnol de 1936 à 1939

L’Institut d’histoire sociale (IHS) de la CGT du Var vient de publier un livre de mon ami et camarade Alain Henckel dont le père, jeune militant syndicaliste toulonnais, a combattu en Espagne de 1936 à 1937, d’abord au sein du Groupe international de la colonne Durruti (CNT-FAI) puis au sein du bataillon Garibaldi (12e Brigade internationale). Ce livre, vendu au prix modique de 5 €, est consacré à l’aide que la CGT française a apporté au camp « républicain » pendant la guerre d’Espagne. Il souligne aussi la solidarité dont des milliers de varois·es ont fait preuve à cette époque pour soutenir le peuple espagnol. Pour un petit rappel sur ce que fut la guerre d’Espagne, lire la […] Continuer de lire Livre de l’IHS CGT du Var sur le soutien apporté au peuple espagnol de 1936 à 1939

Conte rouge et noir rédigé à 4 mains sur internet dans la soirée du 25 décembre 2002

Je viens de retrouver dans le dossier « archives » de mon ordinateur une succession de messages que se sont échangés il y a dix-neuf ans, un soir de Noël, quatre militant·es syndicalistes sur une liste internet de la Confédération nationale du travail (CNT). Cette écriture collective – non aboutie et à laquelle j’ai modestement participé – était totalement spontanée et n’avait pas d’autre intention que celle de passer un bon moment. Continuer de lire Conte rouge et noir rédigé à 4 mains sur internet dans la soirée du 25 décembre 2002

[Vidéo] Guerre d’Espagne : Federica Montseny, « la femme qui parle »

« La femme qui parle » est un film réalisé en mars 2021 par Laura Mañá, produit par Televisió de Catalunya (TV3, chaîne de télévision catalane) et sous-titré en français. Synopsis : « Vaut-il la peine de trahir ses propres idéaux pour ce qui vous semble être un bien plus grand ? Au milieu de la guerre civile espagnole, l’influence de l’anarcho-syndicalisme a amené Federica Montseny au gouvernement de la République. Elle l’accepte à contrecœur pour empêcher la montée du fascisme et devient la première femme ministre d’Espagne et d’Europe. Après la guerre, Montseny s’est exilée en France, où elle fait face à un procès d’extradition qui met à l’épreuve ses fortes convictions. Si elle le perd, elle retournera dans l’Espagne de Franco pour être exécutée ». Continuer de lire [Vidéo] Guerre d’Espagne : Federica Montseny, « la femme qui parle »

« Grève générale ! » : retour sur l’ancienne image d’entête de ce site

En juin 2017, lorsque j’ai créé mon site, c’est sans hésitation que j’ai choisi le dessin ci-dessus comme image d’entête. C’était une référence aux grèves générales (c’est à dire nationales, interprofessionnelles et intercatégorielles) auxquelles j’ai participé de 1982 à 2020 en tant que salarié syndiqué à la CNT puis à SUD. Plus précisément, c’était une référence aux valeurs que ces grèves véhiculaient (unité d’action à la base, combativité, anticapitalisme, démocratie directe via des AG de grévistes, solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle). Je pense notamment aux mouvements reconductibles de […] Continuer de lire « Grève générale ! » : retour sur l’ancienne image d’entête de ce site

Mémoire sociale : « Ch’Brrr… » (1998 – 2012), un bulletin pour le réchauffement des luttes sociales dans le Nord Pas-de-Calais

En septembre 1998, dans un n° 0 gratuit de quatre pages, la CNT 59/62 annonçait le lancement d’un journal d’info, de réflexion et de combat syndical surnommé « Le B.R. (Ch’Brrr…), bulletin régional pour un réchauffement des luttes sociales ! ». De janvier 1999 à décembre 2003, ce magazine est publié tous les trimestres (soit seize numéros en cinq ans). Les années suivantes, la parution devient irrégulière : un numéro en 2004, un en 2005, deux en 2006, un en 2007, deux en 2008, un en 2009, un en 2010, aucun en 2011 et un (le dernier) en 2012. Avec une pagination moyenne de 24 pages, les trente numéros de « Ch’Brrr… » sont un reflet intéressant des activités et réflexions menées par la CNT Nord Pas-de-Calais durant la période concernée. Au menu : comptes rendus de luttes (syndicales, écologiques, antifascistes, féministes, antiracistes…), droits des salarié·es et des travailleurs·ses privé·es d’emploi, présentation de conférences et de projections débats, appels à la mobilisation, fiches de lecture, mémoire sociale, pédagogies émancipatrices, cultures alternatives, billets d’humeur, antimilitarisme, internationalisme, droit au logement, portraits de militant·es (et de patrons !), etc. Personnellement, j’ai participé activement à la rédaction, au maquettage, à l’impression, à l’expédition et à l’administration de ce bulletin… et j’en garde un excellent souvenir (même si en 1987 j’ai quitté la CNT pour rejoindre SUD éducation et l’Union syndicale Solidaires) ! Continuer de lire Mémoire sociale : « Ch’Brrr… » (1998 – 2012), un bulletin pour le réchauffement des luttes sociales dans le Nord Pas-de-Calais