Martha Desrumaux : de Comines à Évenos au service de la classe ouvrière

Le 7 juillet 2020, à l’occasion de mon départ à la retraite, j’ai déménagé de Hem (département du Nord) à Ollioules (département du Var). Quelques jours après, Alain – l’un de mes nouveaux et sympathiques voisins, par ailleurs membre de l’Institut d’histoire sociale (IHS) de la CGT 83 – m’a appris que j’habitais désormais à 5 km d‘Évenos, le village dans lequel la militante nordiste Martha Desrumaux a vécu les 10 dernières années de sa vie. Même si je ne partage pas l’engagement partidaire de cette figure du mouvement ouvrier (car, en tant que syndicaliste révolutionnaire et communiste libertaire, j’ai toujours été très critique vis-à-vis du PCF), j’admire les combats syndicaux, féministes et antifascistes qui ont été les siens. D’où cette publication !

Brève biographie de Martha Desrumaux :

Martha Desrumaux est née en 1897 à Comines (département du Nord). À 11 ans, ne sachant ni lire ni écrire, elle devient ouvrière dans une usine textile. À 13 ans, elle adhère à la CGT. Très vite, elle prend des responsabilités syndicales et, tout au long des années 1920, aide les ouvrières nordistes de l’industrie textile à s’organiser pour obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. En 1933, elle accompagne la marche de la faim organisée de Lille à Saint-Denis pour réclamer l’instauration d’une assurance-chômage. En 1936, lors de la négociation des accords de Matignon, elle est la seule femme membre de la délégation ouvrière. Pendant la guerre d’Espagne, elle organise dans le Nord Pas-de-Calais le recrutement de combattants pour les Brigades internationales. En 1940, elle impulse la lutte dans le bassin minier du Pas-de-Calais et s’investit dans la résistance à l’occupation nazie. En 1941, elle est arrêtée à Lille par la Gestapo puis déportée en Allemagne à Ravensbrück. Dans ce camp de concentration, malgré les maltraitances et les privations, elle organise le soutien aux plus faibles avec d’autres déportées comme Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Marie-Claude Vaillant-Couturier. En 1945, elle est rapatriée par la Croix-Rouge et tient immédiatement à participer à un meeting pour expliquer les horreurs du système concentrationnaire. La même année, elle est nommée représentante des déporté·es au sein de l’Assemblée consultative réunie par le Général de Gaulle. Parallèlement, elle est élue au conseil municipal de Lille et redevient co-secrétaire de l’UD CGT du Nord. Mais, atteinte par le typhus et la tuberculose (maladies qu’elle a contractée en déportation) et critiquée par le Kominform (l’internationale stalinienne ayant succédé en 1947 au Komintern), elle est contrainte d’abandonner ses fonctions syndicales et politiques. Après 1950, elle continue à militer sur deux fronts : la défense des droits des anciens et anciennes déporté·es résistant·es & la défense des droits des femmes. En 1982, elle meurt à Évenos, dix ans après s’y être installée avec son mari, Louis Manguine, originaire de Marseille.

Vidéo de l’historien nordiste Pierre Outteryck réalisée en 2018 à Évenos à l’occasion d’une exposition consacrée à Martha Desrumaux :

Pour en savoir plus sur Martha Desrumaux :

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