« Libertat » : un magnifique chant de lutte, véritable cri d’amour pour la liberté

Libertat est une chanson révolutionnaire écrite en occitan (dans sa variante provençale et marseillaise). Elle se range clairement dans le camp des « meurt-de-faim », de « ceux qui n’ont pas de chemise », « des sans-pain, des sans-lit, des gueux qui vont sans souliers ». D’après les historiens, elle fait référence à la Commune de Marseille, mouvement insurrectionnel, fédéraliste et socialiste (au sens que ce mot avait à l’époque) réprimé dans le sang par un général « versaillais » le 5 avril 1871. Les paroles sont publiées pour la première fois en 1892 dans La Sartan (journal marseillais entièrement rédigé en langue d’oc) sous le titre « Cançon de nèrvi » (pour info, le mot nèrvi a trois sens possibles : nerf, vigueur ou voyou). Elles sont dédiées à l’instituteur, écrivain, historien et « socialiste proudhonien » Pèire Bertas. Le texte est signé J. Clozel, nom qui selon le site Remenbrança serait le pseudonyme du poète et critique d’art Joachim Gasquet. Plusieurs dizaines d’années après, le texte publié par La Sartan est exhumé par le journaliste, chercheur et écrivain marseillais Claude Barsotti. En 2010, il est mis en musique par Manu Théron de la Compagnie du Lamparo. En 2012, la chanson interprétée a capella figure sur l’album Marcha ! du groupe marseillais de polyphonies masculines Lo Còr de la Plana. Depuis cette date, elle est reprise régulièrement par différents artistes professionnels et par de nombreuses chorales militantes. Viva la libertat ! Viva la Comuna de Marselha ! Viva lei revolucions socialas dau monde !

Ci-dessous quelques interprétations parmi d’autres…

1 – LE CHŒUR DU LAMPARO – L’un des versions d’origine interprétée a cappella ; ma préférée !

2 – BRIGADE D’INTERVENTION VOKALE (groupe nantais de polyphonies féminines) – Une autre version interprétée a cappella. À la fin de la vidéo, j’adore le poing levé de l’une des chanteuses ! 

3 – TIR NA D’OC (groupe folk italien du Val de Suse)

Annexes :
Télécharger la partition musicale écrite par Manu Théron
Télécharger les paroles occitanes et leur traduction en français
Télécharger la transcription phonétique des paroles occitanes
Traductions en anglais, catalan, castillan, letton et polonais

12 réflexions sur “« Libertat » : un magnifique chant de lutte, véritable cri d’amour pour la liberté

  1. Ce chant est en provençal marseillais et je ne comprends pas pourquoi il y a un sous titrage en occitan alors qu’on entend très bien la prononciation provençale.

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    1. Sur le plan linguistique, le terme « occitan » est utilisé pour désigner un ensemble de langues parlées dans le tiers sud de la France (des Alpes aux Pyrénées et de l’Atlantique à la Méditerranée en passant par le Massif central) ainsi qu’en Italie (dans les vallées alpines du Piémont et de Ligurie) et en Espagne (dans le Val d’Aran). Les langues dites « occitanes » sont le limousin, l’auvergnat, le gascon, l’aranais, le languedocien, le vivaro-alpin, le nissart et le provençal.

      Le texte de la chanson « La libertat » a été écrit en provençal. Mais, comme vous le savez sûrement, il y a deux façons d’écrire le provençal : la graphie classique et la graphie mistralienne.

      La graphie classique est la plus ancienne. C’est elle qui était utilisée au Moyen-Âge par les troubadours. Commune à toutes les langues occitanes, elle est proche de leur étymologie latine. La graphie mistralienne, elle, a été inventée dans les années 1870 par Frédéric Mistral. C’est une graphie phonétique proche de la graphie française.

      À partir du moment où l’on maîtrise les conventions de chacune de ces graphies, il n’y a – à l’oral – aucune incidence sur la prononciation.

      En savoir plus : https://ericdussart.blog/2022/10/12/pour-parler-lire-chanter-ecrire-sinformer-et-communiquer-en-occitan/

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      1. Merci pour votre réponse dont je connais les arguments mais on entend bien que le chant est en « mistralien » .. d’où je ne comprends pas pourquoi on le sous-titre autrement. Bonne journée. Adessias !

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      2. Le « mistralien » ne s’entend pas car c’est uniquement une norme graphique. Par conséquent, qu’un texte provençal soit écrit en « mistralien » ou selon la norme classique, il se prononce de la même façon. A mon avis, les différences que l’on entend à l’oral s’expliquent par les façons de prononcer le provençal selon l’endroit où l’on vit. Les linguistes distinguent ainsi plusieurs zones où la prononciation de certains mots diffère. Il y a la zone nord-rhodanienne, la zone bas-rhodanienne, la zone centrale, la zone maritime occidentale, la zone maritime varoise, etc.
        Bonne journée à vous aussi.
        Longo mai !

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      3. Si le terme « mistralien » vous choque en tant que puriste, je dirai donc en « provençal marseillais » puisque c’est un chant marseillais du 19° s : « Ce fut un chant entonné par les communards de Marseille quand ils se faisaient massacrer par les canons français depuis la Bonne Mère, pendant la Commune de « Marsiho » en 1871 ; écrit par J. Cloel et Messoen, musique de Manu Théron. Ce chant parut en premier dans « la Sartan » du 6.02.1892 sous le titre original de « Cansoun de Nèrvi » (chant de voyous). Il faut rendre à César ce qui appartient à César … et comme dit plus haut je ne vois pas pourquoi on l’a sous-titré en languedocien ou provençal classique, parlé par les universitaires et non par la rue. Beaucoup d’efforts sont faits pour effacer la lengo nostro…
        Certains veulent uniformiser les langues d’oc et c’est le provençal qui risque d’en faire les frais au détriment de notre riche littérature. Ah ! bien sûr, on pourrait la traduire mais ça donnerait quoi « Mireille » en languedocien ou même « en classique » ?..
        La Marseillaise n’a pas été retranscrite dans la langue de Rabelais … pourtant plus ancienne que le français .. Bon je polémique en vain, je le sais … et vous n’y êtes pour rien. Bono vesprado !

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      4. Tout d’abord, je ne suis pas puriste. J’ai même horreur du purisme (quel qu’il soit) car il est source de dogmatisme et d’immobilisme. D’ailleurs, même si ma préférence va à la graphie dite « classique », il m’arrive régulièrement d’écrire en « mistralien » ou dans les deux graphies (voir par exemple le petit poème que j’ai fait sur l’île du Gaou, près de chez moi). Quant à l’association culturelle à laquelle je suis adhérent, qui n’est pas composé d’universitaires (même s’ils sont les bienvenus), qui anime un atelier de langue provençale et qui compte parmi ses membres plusieurs anciens & anciennes pratiquant le provençal dans la vie de tous les jours, si cette association préfère la graphie dite « classique », elle n’est pas sectaire et utilise aussi des textes écrits en « mistralien ». Mistral lui-même, avant d’inventer sa propre convention graphique, utilisait la graphie dite « classique ». D’autre part, il était ouvert à tous les parlers occitans, pas seulement au provençal. C’est ainsi que son dictionnaire, Lou Tresor dóu Felibrige, embrasse les différentes variantes de la langue d’oc moderne. Contrairement à vous, il ne craignait pas que la promotion du languedocien, du gascon, du béarnais, etc. se fasse au détriment du provençal ! De nos jours, des groupes de musique qui font beaucoup pour la promotion du provençal auprès des jeunes (je pense par exemple à Massilia Sound System) écrivent les textes de leurs chansons provençales en utilisant la graphie dite « classique ». Et puisque vous citez Manu Théron, sachez que le groupe de polyphonies masculines qu’il a fondé en 2000 à Marseille (Lo Còr de la Plana) publie ses textes en utilisant lui aussi la graphie dite « classique ». Enfin, contrairement à ce que vous dites, la graphie dite « classique » n’a pas pour but d’uniformiser les langues d’oc. Comme l’explique l’Institut d’études occitanes dans l’une de ses publications, en atténuant à l’écrit les particularités phonétiques des différents parlers occitans, la graphie dite « classique » permet une lecture aisée de chacun d’entre eux. Bref, la graphie dite « classique » respecte à la fois l’unité et la diversité des langues d’oc. Elle ne représente pas du tout un danger pour le provençal. Au contraire, elle permet à un languedocien, un gascon, un auvergnat, etc. de lire facilement le provençal. Autre exemple : Dicod’Òc, le dictionnaire créé en ligne par le Congrès permanent de la langue occitane et rédigé dans la graphie dite « classique », traduit chaque mot français demandé dans toutes les variantes de l’occitan… provençal y-compris !
        Bono vesprado / Bòna vesprada !
        PS : Concernant la Marseillaise, elle n’a pas été retranscrite dans la langue de Rabelais pour la simple et bonne raison que, dès son origine, elle a été rédigée en français !

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      5. j’entends bien ce que vous dites, je l’ai lu maintes et maintes fois … ça ne me convainc pas, mais ça me regarde. Comme vous le dites la Marseillaise a été écrite en français (donc pas dans langue de Rabelais) et j’en reviens donc à la Liberta chantée (et écrite) en provençal marseillais … qui ne devrait pas être re-traduite, mon propos initial. Dommage qu’il n’y ait pas de figurines, je vous aurais mis un  » sourire » pour terminer… Bonne soirée. G.

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      6. On est d’accord sur deux points : 1) La chanson sur la liberté a été écrite en provençal marseillais. 2) Elle a été publiée pour la première fois dans La Sartan, un journal qui – à l’époque – utilisait la graphie dite « mistralienne ». Là où on diverge, c’est sur le sens des mots « graphie » et « traduction ». En effet, vous dites que la chanson a été traduite en « mistralien ». Cette formulation n’est pas appropriée. Quand Manu Théron a composé la musique (car la musique d’origine était tombée dans l’oubli), le texte a été republié et – pour cela – le choix de la graphie dite « classique » a été fait. Bref, le texte n’a pas été traduit dans une langue différente (c’est toujours du provençal marseillais), il a simplement été retranscrit de façon à pouvoir être déchiffré plus facilement dans l’ensemble de l’aire linguistique occitane. En fait, je crois que vous confondez « traduction » et « transcription ». Une graphie n’est pas une langue. C’est une convention destinée à transcrire par écrit une langue orale. Le provençal marseillais peut être rédigé en utilisant l’une ou l’autre des graphies en vigueur en Provence. Quel que soit le système graphique utilisé, la langue reste la même. Enfin, même s la graphie dite « classique » est plus ancienne que la « mistralienne » et même si la linguistique moderne considère la graphie dite « classique » comme étant plus appropriée que la « mistralienne » (car plus proche des racine latines de la langue provençale), ces deux normes ont chacune leur légitimité. D’autre part, elles possèdent – toutes les deux – leurs défauts et leurs qualités. Laissons ces deux graphies co-exister en bonne intelligence 😉😁😎 !
        Bien cordialement à vous,
        Eric

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  2. Vous avez raison… « transcription » est plus approprié.
    Quant à la graphie dite « classique » ?… moi celle que j’aime, qui me plait et qui m’intéresse c’est celle qui correspond au parler des gens simples, des paysans, des poètes comme M. P. Delavouet, P. Giera et autres et bien sûr F. Mistral, dont j’admire le talent et l’immense travail toute sa vie pour défendre la lengo nostro laquelle, sans lui, serait où aujourd’hui ?.. car à l’époque elle était interdite et plus enseignée. Bon, j’arrête, vous devez me trouver bien polémiste. Merci de m’avoir répondu jusqu’à présent et bono journado !

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