Flor de barricada

Ci-dessous un petit poème que j’ai écrit en occitan provençal pour rendre hommage à l’esprit de lutte qui, de générations en générations, traverse les siècles sans jamais renoncer.

flor-de-barricada_FBAutre temps,
a la cambrada,
a grelhat

De còla en còla,
de comba en comba,
a viatjat

Entre fabricas
e bastidas,
a pres racina

Dins les còrs
e per carrieras,
a florit

enfant-e-son-grandDe semenar
un monde novèu,
a pas capitat

A la botoniera,
per pas l’oblidar,
mon grand
la portava

E ieu encuei,
per lo jovent que vèn,
la pòrti tanben

TRADUCTION EN FRANÇAIS : Autrefois, à la chambrée [cf. note n° 2], elle a germé. Par monts et par vaux, elle a voyagé. Entre usines et bastides, elle a pris racine. Dans les cœurs et dans les rues, elle a fleuri. D’ensemencer un monde nouveau, elle n’a pas réussi. À la boutonnière, pour ne pas l’oublier, mon grand-père la portait. Et moi aujourd’hui, pour l’enfant qui vient, je la porte aussi.
NOTES :
visuel-chanson-LIBERTAT1) Le titre du poème s’inspire du deuxième couplet de la chanson « Libertat » écrite en occitan provençal à la fin du XIXe siècle en référence à la Commune de Marseille, un mouvement insurrectionnel, fédéraliste et socialiste (au sens que ce mot avait à l’époque) qui, le 5 avril 1871, fut réprimé dans le sang par l’État français. En savoir plus
2) Dans la première strophe du poème, le mot « cambrada » renvoie aux chambrées qui en Provence, au début du XIXe siècle, ont préfiguré ce que furent les cercles des travailleurs quelques années plus tard. À ce propos, voici ce qu’en dit une brochure publiée en 2016 par le réseau intercommunal « Pays d’Art et d’Histoire de la Provence Verte » : « Dans le département du Var, les chambrées se multiplient entre 1830-1848. Il en existe en moyenne six par communes, parfois dix. Leur succès est tel que dans certains villages, l’ensemble de la population masculine majeure adhère à l’une de ces sociétés. Ces réunions constituent des réseaux intéressants pour la propagation des idées révolutionnaires et républicaines. Des émissaires venus des grandes villes comme Marseille, Toulon, Draguignan, assistent aux réunions et proposent la lecture et le commentaire des journaux. Dans la première moitié du XIXe siècle, les chambrées se réunissent chez des particuliers, plutôt à l’étage, à l’abri des regards. Suite à l’insurrection varoise de 1851, le Second Empire s’efforce de les interdire. N’y parvenant pas, il tente alors de les contrôler en leur imposant des règles. C’est ainsi que le lieu et la fréquence des assemblées ainsi que la liste des participants doivent être désormais déclarés en Préfecture. Progressivement, ces mesures conduisent à une sédentarisation qui amène à confondre l‘assemblée avec le bâtiment qui l’accueille. La chambrée, réunion informelle et privée, disparaît au profit d’une forme plus institutionnelle : le cercle ». En savoir plus
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Licence Creative CommonsLe poème publié ci-dessus au format texte et au format image est mis à disposition selon les termes de la licence CC BY-NC-ND 3.0 FR (attribution, pas d’utilisation commerciale, pas de modification) – Titre du texte : Flor de barricada – Auteur : Éric Dussart – Date : 8 février 2024 – URL de la 1ère publication : https://ericdussart.blog/?p=20795
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Ci-dessous une version chantée :

(désolé, la prononciation de certains mots n’est pas parfaite)

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