M’agrada…

M’agrada de faire boqueta au soleu que se leva. M’agrada de partir d’ora dins lei còlas de mon país oliolenc. M’agrada de metre mei pas dins aqualei de l’antica pastressa. M’agrada de me solelhar sus un draiòu peirós, envirotat de flors fèras. M’agrada de caminar amé, dins la tèsta, de cançons esmautadas de roge et de negre, de rabia e d’espèr. Continuer de lire M’agrada…

Una mostacha fremissenta, dos uelhs maliciós…

Les Celtes pensaient que pendant la nuit de Samain (nuit du 31 octobre au 1er novembre), la frontière entre le monde des vivants et celui des morts était ouverte, et que les esprits rendaient visite à leurs proches. J’ignore si la tribu celto-ligure qui vivait sur une colline près de chez moi il y a plus de 2000 ans célébrait cette date. Mais cela m’a donné envie d’écrire, en forme de « parpelada » (clin d’œil), quelques mots en hommage à Gaston Beltrame (1932-1989), un artiste ollioulais, libertaire et occitaniste qui connaissait bien cette colline ainsi que l’oppidum celto-ligure qui la coiffait jadis. Nota bene : le texte est en occitan provençal suivi d’une traduction en français. Continuer de lire Una mostacha fremissenta, dos uelhs maliciós…

Le Christ en bois

Quand je descends à pied de ma colline pour aller au centre du village, je passe devant les ruines d’une chapelle construite au XVIIe siècle par les oratoriens. Devant cet édifice se dresse un crucifix qui, à chaque fois, me fait penser au « Christ en bois », un poème de Gaston Couté rédigé en parler beauceron. Dans ce poème, Couté raconte l’histoire d’un vagabond qui n’a pas trouvé d’abri pour la nuit et qui, passant devant un crucifix, s’adresse à la sculpture représentant Jésus pour dénoncer l’hypocrisie de certains chrétiens vis-à-vis des pauvres et des miséreux. Continuer de lire Le Christ en bois

Il y a cinq ans disparaissait mon ami Ghislain Gouwy le barde flamand

Il était d’un pays né de l’accouplement de la forêt et de la mer. Il avait hérité de ses pères le titre de gueux. Il avait la besace pour emblème, le chêne pour bâton, le noir pour drapeau. Le sang d’un hibou battait en lui au rythme de son souffle. Au fond de sa mémoire, l’odeur des lessives des courées. Il était mon ami. Il est mort un jour d’hiver. C’était il y a cinq ans. Déjà ! Continuer de lire Il y a cinq ans disparaissait mon ami Ghislain Gouwy le barde flamand

Chichi et Banane : poésie populaire de la Ciotat et d’ailleurs

La « littérature de ficelle » de Chichi et Babane (qui assureront la première partie du concert de Massilia Sound System le 18 novembre à Marseille) est une référence à la « littérature de cordel » qui, au Brésil, désigne, un mode d’auto-édition et de de diffusion des poésies populaires. Continuer de lire Chichi et Banane : poésie populaire de la Ciotat et d’ailleurs

Hommage à Jules Mousseron (poète mineur) et à l’un de ses personnages, Cafougnette

Un article paru dans le n°5 (automne 2022) de Fragments – revue de littérature prolétarienne éditée par le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale – a retenu toute mon attention et éveillé en moi quelques souvenirs d’enfance. Cet article de Fragments est consacré à Jules Mousseron (1868-1943), mineur de fond à la Compagnie des mines d’Anzin (près de Valenciennes dans le Hainaut) et poète de langue picarde particulièrement connu pour avoir créé le personnage populaire, baratineur et frondeur de Cafougnette, mineur de fond à Denain. À l’instar de Christian Lemoine (l’auteur de l’article paru dans Fragments), les histoires de Cafougnette ont bercé mes jeunes années. Par forcément sous la forme des 60 textes rimés que Jules Mousseron a écrit de 1896 à 1943, mais plutôt sous la forme de blagues racontées en français (ou en picard fortement francisé) à partir des textes de Mousseron ou, le plus souvent, inventées de toutes pièces. Dans ma prime enfance, Cafougnette est donc l’équivalent de personnages comme Toto, Marius ou Tartarin de Tarascon. Mais, selon les gens qui les racontaient, ces blagues pouvaient avoir, comme les textes de Mousseron, une autre fonction que celle de faire rire : celle de faire réfléchir ! Continuer de lire Hommage à Jules Mousseron (poète mineur) et à l’un de ses personnages, Cafougnette

Gaston Beltrame (1932-1989) : instituteur, chanteur, historien, conteur, comédien, militant occitaniste, écologiste et libertaire

Dans les années 1970, en lien avec des collègues membres de l’association « Les amis de l’École émancipée », l’instituteur ollioulais Gaston Beltrame apprend le provençal, écrit des chansons qu’il interprète avec le groupe Ventadour dans de nombreuses villes de Provence et sort plusieurs disques vinyle : Beltrame, L’ome chin, Lei gents d’Occitania, 12 cançons per Gaspard de Bessa, Nos laissem pus umiliar, etc. À la même époque, il écrit des pièces de théâtre en occitan et en français (L’ome chin, Gaspard, La tortue blanca, Mort de rire, Ulisse est de retour, La cité aux mains nues, Le dernier mouton, Le coup d’État de 51, Martin Bidouret, Les filles de la Mandragore, La conque de brume, Complaintes et légendes de par ici, Mes adolescences, Complaintes pour François Villon) et participe en tant que comédien aux représentations. Féru d’histoire locale, Gaston Beltrame a écrit plusieurs ouvrages, résultats de ses recherches historiques mais aussi contes nés de son imagination : Au temps de la reine Jeanne, La cité qui naquit deux fois, Les seigneurs d’Ollioules, Chroniques et histoire d’Ollioules, Ollioules d’hier et d’aujourd’hui. En 1983, il a participé à une émission de radio consacrée au brigandage dans la région de Toulon durant le XVIIIe siècle. En 1984, pour l’association « Les amis de La Seyne ancienne et moderne », il a tenu une conférence sur Gaspard de Besse, le robin des bois provençal. En 1987, à l’Espace Comedia de Toulon, il a animé une série de soirées cabaret ayant pour titres Toulon-canaille, Toulon-Chicago, Toulon-La Pigne et Toulon-Tartane. Continuer de lire Gaston Beltrame (1932-1989) : instituteur, chanteur, historien, conteur, comédien, militant occitaniste, écologiste et libertaire

Bonne route à mon copain Xavier et à sa compagne !

Superbe soirée hier sous les grands et beaux arbres du square Lardemer à Lille-Fives (à deux pas de l’endroit où en 1991 j’ai rencontré ma dulcinée) ! Mon camarade Xavier et sa compagne Julia y fêtaient leur déménagement à Lorient. Étaient présent·e·s tou·te·s leurs ami·e·s (de la CNT, de SUD, de l’Atelier populaire d’urbanisme, de la Chorale des joyeux mutins, etc.). Xavier étant comme moi … Continuer de lire Bonne route à mon copain Xavier et à sa compagne !

Ils peuvent empêcher les fleurs de pousser, ils n’empêcheront jamais le printemps d’arriver

À quelques jours du printemps, voici un texte de Pablo Neruda mis en musique et chanté en mai 2016 par la Compagnie Jolie Môme en plein cœur de la lutte contre la loi El Khomri (loi travail n° 1), une lutte contre laquelle le gouvernement de l’époque n’avait pas hésité à jeter ses chiens de garde de manière répétée et particulièrement violente. Aujourd’hui, cette chanson … Continuer de lire Ils peuvent empêcher les fleurs de pousser, ils n’empêcheront jamais le printemps d’arriver

Hommage à mon ami Ghislain Gouwy (1936-2018)

Un vieux lion s’en est allé. Il ne dira plus sa Flandre rêvée (« mythique et non mystique », « charnelle », « sans drapeau ni frontières » comme il tenait à le préciser). Ses colères ne feront plus se courber les puissants et les hypocrites. Poète enraciné (ce qui ne l’empêchait nullement d’être solidaire des migrant·es et des peuples du monde entier), conteur et animateur de radio (cf. l’émission « En direct de Bruegeland » qu’il anima pendant de nombreuses années sur Radio Uylenspiegel), il ne colportera plus les nouvelles de son pays. Continuer de lire Hommage à mon ami Ghislain Gouwy (1936-2018)