À Saint-Paul-de-Vence et à Vence sur les traces de Célestin Freinet

De passage dans le département des Alpes-Maritimes, je suis allé faire un tour à Saint-Paul-de-Vence et à Vence sur les traces du pédagogue Célestin Freinet.

plaque d'hommage à Freinet (St-Paul-de-Vence)
Plaque en hommage à Célestin Freinet photographiée le 2 août 2018 lors de mon passage à Saint-Paul-de-Vence

En 1928, Célestin Freinet est nommé à l’école publique de Saint-Paul-de-Vence. C’est dans une classe de 49 élèves qu’il met au point l’essentiel des techniques qui vont le rendre célèbre nationalement et internationalement : texte libre, travail de groupe, imprimerie, correspondance interscolaire, classe-promenade, réunions de coopérative, etc. Mais la pédagogie de Freinet ne se limite pas à des techniques. Elle s’inscrit dans une perspective d’émancipation à la fois individuelle et sociale s’appuyant sur le principe d’égalité et fondée sur l’apprentissage de la démocratie et de l’entraide. Cette philosophie dérange les franges les plus conservatrices de la société. C’est ainsi qu’en juin 1933, suite à un conflit avec la droite et l’extrême-droite locales, Freinet est chassé de son poste par un arrêté préfectoral. Suite à ce conflit, Freinet est en butte à de multiples tracasseries de la part des autorités académiques. En 1935, il décide de quitter l’Éducation nationale afin de fonder une école privée avec son épouse Élise, elle aussi institutrice. En 1936, cette école ouvre ses portes à Vence (à 5 km de Saint-Paul-de-Vence). Elle accueille des enfants d’ouvrières et ouvriers parisiens, des enfants venant de l’Assistance sociale, des enfants d’enseignant·es venus pour raison de santé dans le cadre de la Coopérative de l’enseignement laïc créée au niveau national par Freinet, des enfants juifs allemands fuyant le nazisme et des enfants d’antifascistes espagnols fuyant le franquisme. Le 7 mai 1940, l’école est fermée par un arrêté du ministre de l’Éducation nationale et Freinet est assigné à résidence puis interné successivement dans plusieurs camps du sud de la France. En 1944, il rejoint le maquis. En octobre 1945, il rouvre l’école de Vence pour y accueillir des enfants victimes de la guerre. À partir de cette année-là, le PCF lance une campagne insidieuse l’accusant d’avoir collaboré avec le régime de Vichy (!?). Puis, la critique change de nature : les staliniens à la tête du parti lui reprochent de diffuser une pédagogie trop proche, selon eux, des théories et pratiques libertaires. En 1950, Freinet est exclu du PCF. En 1964, le ministère de l’Éducation nationale reconnaît le caractère expérimental de l’école de Vence et décide de prendre en charge les postes d’enseignant·es qui y travaillent. En 1966, Célestin Freinet décède et l’école est gérée par Élise Freinet. En 1983, l’école passe sous la responsabilité de Madeleine Freinet, la fille d’Élise et Célestin. En 1991, l’école est rachetée par l’État et devient une école publique. En 2012, elle est inscrite aux Monuments historiques. Aujourd’hui, elle fonctionne toujours et continue à bénéficier d’un statut d’école expérimentale.

devant l'école Freinet de Vence le 2 août 2018
Photo prise le 2 août 2018 devant l’école Freinet de Vence

En savoir plus :

Une réflexion sur “À Saint-Paul-de-Vence et à Vence sur les traces de Célestin Freinet

  1. Merci pour ce billet. En faisant du rangement, j’ai retrouvé un vieux livre dans lequel Freinet présentait sa pédagogie. Pourtant en pleine période de « faire du vide  » je n’ai pu me résoudre à m’en séparer et l’ai placé dans un carton que je n’ouvrirai certainement jamais. Mais, le savoir là, me rassure comme un souvenir de ma vie passée d’instit !

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