Apparu en France en 1895 avec la création de la CGT (fusion de la Fédération des Bourses du Travail et de la Fédération nationale des syndicats), le syndicalisme révolutionnaire est issu du courant socialiste libertaire de l’Association internationale des travailleurs (dite Première internationale), une organisation fondée en 1864 qui a connu un fort développement en Provence entre 1868 et 1871 (cf. note ci-dessous).
* Note : En Provence, l’Association internationale des travailleurs apparait d’abord à Marseille en juillet 1867. Dès la fin de l’année suivante, elle connaît un développement important avec l’arrivée d’André Bastelica, ouvrier typographe né en Corse, socialiste et collectiviste anti-autoritaire proche de James Guillaume et Mikhaïl Bakounine. Composée de 27 corporations ouvrières bien organisées (vanniers, chaisiers, marins…), la section marseillaise de l’AIT compte alors 4500 adhérents. En 1870, André Bastelica décide de se déplacer dans la région pour étendre l’implantation de l’Internationale. Des sections sont créées à Aix, La Ciotat, Toulon, La Seyne, Collobrières, Draguignan, Gonfaron, La Garde-Freinet, Saint-Tropez, Cogolin, etc. En 1871, suite à l’échec des Communes insurrectionnelles de Paris et Marseille, une répression féroce s’abat sur le mouvement ouvrier révolutionnaire. Celui-ci mettra plusieurs dizaines d’années avant de remonter la pente.


Dans le Var, le syndicalisme révolutionnaire ne se développe véritablement qu’à partir de 1904. Deux de ses militants (Victor Busquère et Antoine Bertrand) sont membres du bureau de l’Union des chambres syndicales ouvrières du Var. À la Seyne-sur-Mer (l’un des principaux bastions ouvriers du département), deux syndicalistes révolutionnaires (dont Joseph Chandre qui prenait régulièrement la parole lors des meetings du 1er mai) siègent à la commission administrative de la Bourse du Travail. Quant à l’autre bastion ouvrier que représente à l’époque l’Arsenal maritime de Toulon, le courant syndicaliste révolutionnaire est animé par des militants comme Victor Busquère (chaudronnier), Antoine Bertrand (charpentier en fer), Marius Layet (ouvrier électricien) et René Groult (ouvrier métallurgiste). En février 1912, deux syndicalistes révolutionnaires sont élus à la commission administrative du syndicat CGT des ouvriers du Port : l’ouvrier forgeron Joseph Chandre (1569 voix contre 1607 au 1er de liste) et le charpentier en fer Antoine Bertrand (1035 voix). En février 1913, un syndicaliste révolutionnaire dénommé Collin est élu avec 1273 voix (contre 1609 au 1er de la liste). En février 1914, Collin est rejoint par l’un de ses camarades : le charpentier tôlier Toussaint Flandrin (660 voix). Globalement, dans le syndicat des ouvriers du Port, si le courant syndicaliste révolutionnaire est minoritaire en termes d’élus au conseil d’administration (environ 10 % des sièges), ses militants exercent une forte influence sur l’ensemble des syndiqués et, par conséquent, les dirigeants du courant majoritaire (contrôlé par des socialistes modérés de la SFIO) doivent en tenir compte.

Le 15 novembre 1904 à la Bourse du Travail de Toulon, les syndicalistes révolutionnaires participent à la tenue d’une réunion publique dans le but de créer une section locale de l’Association internationale antimilitariste des travailleurs. Celle-ci voit rapidement le jour avec plus d’une centaine d’adhérents. Des actions sont menées en direction des soldats : distribution de brochures aux portes des casernes ou en ville (aux heures de sortie et de rentrée de la troupe), collage d’affiches sur les murs extérieurs des casernes, jet de tracts dans la cour des casernes pendant la nuit. En direction des civils, les militants multiplient les conférences. L’Armée est critiquée en tant que briseuse de grève et à cause de sa discipline abrutissante. Si le groupe antimilitariste a peu de résultats auprès des soldats, son influence est très grande auprès des ouvriers de l’Arsenal et des jeunes varois. C’est ainsi qu’à partir de 1910, de nombreuses manifestations de conscrits ont lieu au moment de leur incorporation.


En 1907, les syndicalistes révolutionnaires de la Bourse du Travail de la Seyne prennent l’initiative d’une réunion de protestation contre l’utilisation des troupes pour réprimer la révolte des vignerons du Languedoc.
En 1910 et 1911, les syndicalistes révolutionnaires varois prennent une part prépondérante dans la campagne organisée par la CGT afin d’obtenir la grâce du Jules Durand, militant cégétiste du Havre condamné à mort suite à une machination politico-patronale.
En novembre 1911, les syndicalistes révolutionnaires toulonnais invitent l’ancien député Paul Vigné d’Octon à parler de son voyage en Afrique du Nord. Celui-ci dénonce les guerres de conquête coloniale, dénonce les parlementaires locaux et insiste sur les exactions commises par l’administration française. Cette conférence est la seule trace d’anticolonialisme visible avant 1914 dans le Var.
De 1904 à 1919, les syndicalistes révolutionnaires varois participent à l’organisation de multiples conférences ayant pour thème la réduction du temps de travail, l’éducation, l’alcoolisme, l’État, la révolution russe, l’antimilitarisme, l’union libre, la contraception, l’athéisme, le capitalisme, la lutte contre la vie chère, la lutte des classes, la grève générale, etc.

En mai 1916, pendant la première guerre mondiale, les syndicalistes révolutionnaires varois diffusent une brochure appelant les soldats à déposer les armes et à réclamer une paix immédiate. Les 8 et 10 décembre, l’État réagit en perquisitionnant et en arrêtant plusieurs militants. Quatre d’entre eux (Joseph Chandre, Antoine Bertrand, Marius Menei et Louis Farsac) sont inculpés pour « propagande défaitiste ». La direction de l’Arsenal profite de l’occasion pour se débarrasser de ces ouvriers et en fait de même pour trois autres (Paul Nicolini, Toussaint Flandrin et Henri Raimondi) qui avaient témoigné en faveur de leurs camarades lors de leur procès. Tous sont automatiquement affectés à une unité combattante.

En 1919, Marius Farsac, ouvrier métallurgiste aux Forges et chantiers de la Méditerranée (FCM), est élu secrétaire du syndicat CGT de La Seyne. Il préside le meeting du 1er mai organisé à la Bourse du Travail mais, à l’issue d’une longue grève et alors qu’il était en train de négocier pour la reprise du travail, il est renvoyé des FCM.
À Draguignan, au début des années 1920, le syndicaliste révolutionnaire Amédée Granet est élu secrétaire du syndicat CGT des cuirs et peaux.
À la fin de la 1ère guerre mondiale, les syndicalistes révolutionnaires ayant été renvoyés de l’Arsenal de Toulon en 1916 obtiennent leur réintégration (sauf Louis Farsac, tué au front en 1917). Ils ré-adhèrent au syndicat CGT des ouvriers du Port et, très vite, sont élus au bureau et au secrétariat. En 1922, ils participent à la création de la CGTU.
Parmi les syndicalistes révolutionnaires participant à la création de cette nouvelle organisation syndicale, citons aussi par exemple Collé et Marius Delatour (qui en 1922 sont élus au conseil syndical du syndicat des travailleurs de la Marine), Lucien Quiniou qui la même année est élu secrétaire adjoint de ce syndicat et qui milite au sein du Comité pour l’amnistie des mutins de la mer Noire), Francesco Martino (qui en 1924 est élu secrétaire du syndicat CGTU des cuirs et peaux de la ville de Toulon), Jean Gamba (fondateur du syndicat des forains et camelots de Toulon, membre de la commission de la CGTU pour l’élaboration de l’indice du coût de vie, secrétaire du comité de défense local pour Sacco et Vanzetti).
Mais de 1922 à 1926, les militants varois de la CGTU se divisent sur trois questions : l’autonomie des syndicats vis-à-vis des partis politiques, l’adhésion de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge (ISR) et l’appréciation du régime mis en place en Russie par les bolcheviques. Beaucoup décident de rejoindre le PC (parti politique créé en 1921 suite à une scission de la SFIO), soit définitivement comme Paul Nicolini, Toussaint Flandrin et Jean Gamba, soit momentanément comme ceux qui prennent progressivement conscience de ce qui se passe dans la Russie dite « soviétique » (car la répression anti-ouvrière menée dans ce pays ne peut plus être ignorée) ou qui dans les années 1930 seront exclus du parti pour différentes raisons liées à la stalinisation croissante du parti. D’autres restent fidèles aux principes du syndicalisme révolutionnaire. D’autres encore se déclarent « anarcho-syndicalistes », reprenant ainsi à leur compte une insulte que leur avait adressée le secrétaire général de l’Internationale syndicale rouge (ISR) en 1922 lors du congrès fondateur de la CGTU. En 1926, les syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes considèrent qu’il n’est plus possible d’agir avec les militants du PC au sein d’une organisation commune et décident de créer une nouvelle confédération syndicale : la CGT-SR.

Parmi eux, citons par exemple l’électricien Édouard Demonsais. Secrétaire adjoint du syndicat CGT du Port de Toulon depuis le 13 mai 1920, il est l’un des quinze ouvriers de l’arsenal congédiés suite à un fort mouvement de grève. Membre du groupe libertaire toulonnais La Jeunesse libre et du bureau de la section locale de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants), il participe en mars 1922 au congrès fondateur de la CGTU. Membre des Comités de défense syndicaliste (CDS), il s’oppose aux militants du PC. Le 1er septembre 1922, selon un rapport de police, il déclare lors d’un débat public contradictoire : « Qu’il vienne donc ce jour… et nous verrons qui conduira le mieux la barque, de nous syndicalistes anarchistes avec notre idéal d’amour, de paix et de justice, ou de vous communistes avec votre implacable et odieuse dictature qui brise quiconque ne pense pas comme vous ». La motion qu’il présente à un congrès départemental de la CGTU pour contrecarrer un texte de Flandrin condamnant les CDS obtient 23 voix contre 19. Le 1er octobre 2022, au congrès de l’union départementale de la CGTU, il présente – en tant que trésorier – le rapport financier de l’UD. Dans la discussion qui suit, il accuse la commission exécutive et le bureau confédéral de la CGTU de « mettre le syndicalisme en danger par l’intrusion des politiciens de Moscou » (La Vie ouvrière, 13 octobre 1922). Malgré cela, il est réélu trésorier de l’UD. Mais le conflit entre la tendance libertaire de la CGTU et la tendance aux ordres du PC s’amplifie. Dans le Var, ce conflit est tranché par le congrès départemental extraordinaire organisé le 6 juillet 1923. La motion présentée par Édouard Demonsais ne recueille que quatre voix contre celle de Flandrin qui en recueille six. Une motion le blâmant obtient le même résultat. Il démissionne alors de son mandat de trésorier de l’UD. En revanche, le courant auquel il appartient est toujours majoritaire au sein de l’Union locale CGTU de Toulon et, le 20 juillet 1923, il est désigné pour siéger au conseil d’administration de la Bourse du Travail. Devenu électricien à la mairie de Toulon, il est chargé en août 1925 de dresser le cahier de revendications du personnel communal. A la même époque, il est secrétaire adjoint du comité d’action contre la vie chère et membre de la commission locale chargée d’élaborer un indice du coût de la vie. En octobre 1926 à la Bourse du Travail de Toulon, il fait adopter par 18 voix contre 13 la suppression du poste de secrétaire permanent rétribué. Les 15 et 16 novembre 1926 à Villeurbanne, il est délégué du syndicat des communaux de Toulon au congrès fondateur de la CGT-SR où il fait partie de la commission chargée d’étudier les statuts de la nouvelle organisation. Le 6 décembre 1926, il est élu secrétaire administratif de la Bourse du Travail de Toulon (par 25 voix contre 18 au candidat de la CGT) et, quelque temps plus tard, il est chargé par la Bourse du Travail d’organiser des cours pour adultes et professionnels.
La CGT, la CGTU et la CGT-SR co-existent jusqu’en mars 1936, date à laquelle CGT et CGTU se réunifient. Dans le Var (comme partout en France), certains syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes décident d’adhérer à la CGT réunifiée (à l’instar de Collé, membre du syndicat CGT-SR du bâtiment). D’autres préfèrent poursuivre la construction de la CGT-SR.


Le 19 juillet 1936, suite au coup d’État militaire et nationaliste mené en Espagne par le général Franco, des travailleurs varois se mobilisent pour aider les antifascistes espagnols (à ce propos, voir le livre La CGT et la guerre d’Espagne / La solidarité des varois au peuple espagnol écrit en 2023 par mon camarade et ami Alain Henckel, membre de l’Institut d’histoire sociale de la CGT du Var). Concernant la CGT-SR varoise, elle participe au Comité départemental pour l’Espagne libre et soutient une équipe cinématographique itinérante qui présente dans le département et dans toute la Provence les films réalisés en Espagne par la Confederación Nacional del Trabajo (CNT), puissante organisation anarcho-syndicaliste, fer de lance de la résistance au coup d’État franquiste et initiatrice d’une révolution sociale de type communiste libertaire dans plusieurs régions d’Espagne. À Toulon, dès le mois de juillet, un membre du bureau du syndicat CGT-SR du Bâtiment, Émile Gardebled, devient secrétaire du Comité de défense de la révolution espagnole et, le 4 décembre à la Bourse du travail, co-organise une conférence où deux militants libertaires revenus d’un séjour en Espagne prennent la parole. Le même mois, un autre militant de la CGT-SR du Var, Dominique Grimaldi, part en Espagne en qualité de pilote d’aviation (affecté comme second bombardier à Lérida, il y effectue plusieurs missions et rentre en France en janvier 1937). livrer des armes aux antifascistes espagnols. Concernant la CGTU, citons le cas de Gabriel Diné, représentant de commerce puis cheminot, ancien secrétaire départemental de la CGTU, ancien membre du PC et animateur du groupe toulonnais de la FCL (Fédération communiste libertaire). Ce militant se rend à Barcelone en juillet 1936. Il en revient le 13 août et co-anime le Comité de défense de la révolution espagnole. Après avoir amené en Espagne une dizaine de pistolets automatiques achetés chez un armurier de Toulon, il est inculpé en octobre de « contrebande d’armes » et condamné le 5 décembre à quatre mois de prison et 200 francs d’amende. Le 16 janvier 1937, il est arrêté et incarcéré. Il entame alors une grève de la faim et sa compagne le remplace aux réunions du Comité pour l’Espagne libre. Suite à une remise de peine, il est libéré le 1er mars 1937.

Enfin, même si j’ignore leur lien avec le mouvement syndical varois, voici les noms de quelques anarchistes italiens réfugiés dans la région toulonnaise (liste non exhaustive), menacés de mort par les fascistes dans leur pays d’origine, craignant souvent d’être expulsés par l’État français et partis se battre en Espagne contre le franquisme :
Mario Bellini : Maçon adhérent à la Bourse du travail de Toulon et probablement proche ou adhérent de la CGT-SR, il part en Espagne en juillet 1936. Il gagne Perpignan en taxi, puis Barcelone en train et s’intègre à la Colonne Durruti, puis à la Colonne Ortiz. Après avoir combattu en Aragon et avoir été donné comme mort lors des combats d’octobre 1936 à Farlette et Perdiguerras, il bénéficie en novembre d’une permission de huit jours qu’il passe à Toulon avant de repartir en Espagne. Le 1er juillet 1937, il intègre un bataillon de dynamiteurs et rejoint le Premier Bataillon à Valence. Lors de l’avancée franquiste sur Tortosa, son unité, qui avait fait sauter ponts, toutes et voies ferrées, est décimée. Après avoir obtenu une permission de dix jours, il part à Barcelone avec les survivants du Bataillon. Versé dans le Troisième Bataillon de dynamiteurs, il est envoyé à la frontière française pour y miner routes et ponts. Évacué le 22 octobre 1938 sur le village de Cardedeu, près de Granollers, il passe devant une commission de contrôle internationale et le 22 décembre 1938 rentre en France par Cerbère. Après avoir séjourné à Perpignan, Carcassonne, Narbonne et Béziers et n’y trouvant pas de travail, il rentre à Toulon le 8 février 1939 où il réside chez un ami et reçoit de l’aide du Comité franco-espagnol. Le 15 mars, après que le Préfet ait demandé son internement au camp de Rieucros (Lozère), il fait une demande d’autorisation de rester en France. Arrêté à la fin de l’année, il est interné au Fort Sainte-Catherine de Toulon où il décède en décembre 1939, victime selon sa famille et d’autres prisonniers de mauvais traitements. Mario Bellini était le père de deux enfants.
Carlo Tornari : Domicilié à Toulon, il part en Espagne et intègre probablement la section italienne de la Colonne Ascaso. Blessé sur le front d’Aragon par l’explosion d’une grenade, il envoyé à Barcelone où il participe aux Comités de défense de la CNT et aux affrontements de mai 1937 avec les staliniens.
Luigi Renaudo : Maçon vivant à La Seyne depuis 1926, il part en Espagne en août 1936 et devient milicien dans la Colonne Durruti où il est membre du secrétariat aux armements. Après la militarisation des milices, il est membre du 4e Bataillon de la 121e Brigade de la 26e Division jusqu’à fin 1937. À son retour d’Espagne en 1938, il est arrêté à Port-Vendres et emprisonné à Perpignan. Retourné à La Seyne, il est arrêté en octobre 1939 comme « étranger dangereux ». Interné d’abord au Fort Sainte Catherine, il est ensuite transféré au camp du Vernet (Ariège) puis extradé en Italie. Emprisonné à Cuneo, il est condamné le 15 décembre 1941 à deux ans d’isolement sur l’île de Ventotene et y décède le 11 septembre 1942 d’une forme grave de la tuberculose.
Pietro Pesci : Domicilié à Toulon, il part en Espagne en juillet 1936. En janvier 1937, il est affecté à la section italienne de la Colonne Ascaso sur le front de Huesca.
Giusepe Gatta : Domicilié à La Seyne depuis le 1er octobre 1935, il part combattre dans les Brigades internationales Garibaldi le 26 avril 1937. Le 13 janvier 1939, il revient à La Seyne et le préfet du Var demande son internement.
Aldo Fiamberti : Marin domicilié à Ollioules, il part pour l’Espagne en août 1936 et s’enrôle dans la section italienne de la Colonne Ascaso puis dans la 153e Brigade Mixte. Après avoir participé aux combats de Tardienta, Almudévar et Carrascal de Huesca, il rentre en permission en France en septembre 1937.
Silvio Brescancin : Manœuvre travaillant à La Seyne, il part combattre en Espagne dans les rangs républicains. En septembre 1940, il est interné au camp du Vernet (Ariège).
Angiolino Bignami (dit Angelo) : Représentant de commerce installé à Toulon depuis août 1923, il part en Espagne en juillet 1936 et s’enrôle comme milicien dans la colonne italienne Roselli (encadrée au sein de la Colonne Ascaso). Après la militarisation des milices, il est membre de la section de mitrailleurs du bataillon Matteotti de la 120 Brigade Mixte (26e Division). Selon certaines sources, il aurait été tué sur le front d’Aragon le 8 avril 1937 à Carrascal. Selon d’autres, il a été grièvement blessé au front en mai 1938 avant de décéder en novembre suivant. D’autres encore prétendent qu’il était dans la région de La Seyne en 1941 (si c’est le cas, peut-être s’agit-il d’un camarade utilisant son identité).
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En Espagne, la guerre civile s’achève le 1er avril 1939 avec la victoire des troupes nationalistes et c’est le début d’un long exil pour plusieurs centaines de milliers d’antifascistes espagnols (qui en France se retrouvent souvent parqués dans des camps d’internement). Le 3 septembre 1939, la France rentre en guerre contre l’Allemagne nazie. Le 9 novembre 1940, le gouvernement nationaliste et collaborationniste du maréchal Pétain fait publier un décret annonçant l’interdiction immédiate de toutes les organisations syndicales françaises. Une autre histoire commence pour les militants syndicalistes (toutes tendances confondues) : celle de l’action clandestine et de la Résistance.

Éric Dussart

