Cette chanson écrite, composée et interprétée par Serge Utgé-Royo (fils, comme il le dit lui-même dans une autre chanson, « d’un anarchiste catalan et d’une sociale de Castille ») a bercé mes premières années de militantisme. Elle a été enregistrée en 1979 sur un album vinyle sobrement intitulé « Serge Utgé-Royo Vol. 2 » qui figure toujours dans ma collection de vieux 33 tours (cf. l’image ci-dessus). En 1991, « Pardon si vous avez mal à l’Espagne » (parfois sous-titrée et/ou appelée communément « Juillet 1936 ») fait partie des titres présents sur l’album CD « Chansons d’hier soir ». Sur les deux albums, elle est dédiée aux militants et militantes de la « Confederación », c’est-à-dire la Confédération nationale du travail, le syndicat espagnol qui, à partir du 19 juillet 1936 (suite au putsch du général Franco soutenu par la droite réactionnaire, les industriels, les grands propriétaires terriens et l’Église catholique), fut le fer de lance de la résistance antifasciste et qui expérimenta dans la foulée, pendant plus d’un an, une société fondée sur les principes du communisme libertaire. En 1939, face à l’avancée des troupes du général Franco épaulées par l’Allemagne nazie et l’Italie mussolinienne, un grand nombre d’anti-franquistes (dont les parents de Serge Utgé-Royo) durent s’exiler en France. L’expression « mal à l’Espagne » utilisé dans le titre et le refrain de la chanson fait référence à la souffrance qu’éprouvèrent les militants et militantes de la CNT espagnole jusqu’à la fin de leur vie, souffrance liée à l’exil bien sûr mais, aussi et surtout, souffrance d’avoir expérimenté l’idéal pour lequel ils/elles luttaient sans avoir pu le pérenniser.

> Site officiel de Serge Utgé-Royo
> Article de Wikipédia consacré à Serge Utgé-Royo
> Article de Wikipédia sur la révolution sociale espagnole de 1936