Mémoire sociale : de Radio Martin Bidouré (1979-1986)… à l’insurrection varoise de 1851 !

détail du monument en hommage à Martin Bidouré (83012 Barjols)J’ai découvert récemment qu’une radio libre toulonnaise avait porté le nom de Martin Bidouré, figure emblématique de la résistance varoise au coup d’État de 1851. Ayant moi-même été animateur d’une émission de radio dans les années 1980-1990  (cf. La voix sans maître à Lille), l’histoire de Radio Martin Bidouré ne pouvait que m’intéresser !

I – BRÈVE PRÉSENTATION DE RADIO MARTIN BIDOURÉ (RMB)

De 1979 à 1981, RMB a émis de manière clandestine deux fois par semaine à partir d’une 4L fourgonnette stationnée quelque part sur les pentes du mont Faron, et ce pendant une demi-heure uniquement afin de ne pas se faire repérer par la police. Après la pseudo-libération des ondes (qui fit suite à l’élection présidentielle de mai 1981), elle devint une radio associative et continua d’émettre jusqu’en 1986, année à la fin de laquelle elle se fit voler son matériel par des professionnels qui avaient réussi à intégrer son conseil d’administration. RMB était composée d’individus de sensibilité anarchiste et/ou communiste et/ou écologiste, de syndicalistes de lutte, d’humanistes ainsi que de divers collectifs en accord avec ses orientations anticapitalistes et son fonctionnement autogestionnaire. Aujourd’hui, une station FM de cette nature manque cruellement à Toulon !

Parallèlement, la découverte de RMB m’a permis d’apprendre des choses sur l’histoire du Var (département dans lequel je vis depuis le 7 juillet 2020) et plus précisément sur la résistance varoise au coup d’État de 1851.

II – BRÈVE PRÉSENTATION DE L’INSURRECTION VAROISE DE 1851

Le 2 décembre 1851, à quelques mois de la fin de son mandat, le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte (connu plus tard sous le nom de Napoléon III) fait un coup d’État lui permettant de conserver le pouvoir. Si le peuple de Paris réagit relativement peu, ce n’est pas le cas dans les zones rurales de plusieurs départements. Le mouvement de résistance est particulièrement important dans le Var rouge où de nombreuses colonnes d’insurgés sont formées. Pour en comprendre la raison, voici une analyse de Paul Maurel (instituteur, syndicaliste puis maire socialiste de Solliès-Ville) publiée le 2 décembre 1933 dans l’édition varoise du Petit Provençal : « Dans la France indifférente et passive, le Var fut un des rares départements qui se révolta. Il est vrai que depuis la Révolution de 1848 les idées démocratiques s’y étaient admirablement propagées ; il y avait dans tous les villages des « chambrées » où l’on se réunissait pour fraterniser dans le culte de Marianne, pour chanter de vieux couplets révolutionnaires ; et le Var était en 1851 un des départements les mieux préparés au mouvement insurrectionnel ». Dans ce département comme ailleurs, le soulèvement populaire fut rapidement écrasé par l’Armée et la répression fut féroce, à l’image de ce qui arriva à Martin Bidouré : « Sa fin dramatique a fait de lui le plus célèbre des personnages de l’insurrection de décembre 1851. Il est l’homme fusillé deux fois. Ce jeune ouvrier, intelligent et ardent, fut, au cours de la retraite de la colonne insurrectionnelle vers le nord du département, choisi pour porter un message du commandant à l’arrière-garde. Au cours de sa mission, il tomba entre les mains de la gendarmerie, qu’on ne croyait pas si proche, et il fut aussitôt abattu sans jugement et laissé sur le terrain. Ses blessures n’étaient pas mortelles ; il put se traîner vers une ferme où on le soigna. Mais peu de jours après, l’insurrection écrasée, son hôte, affolé, le livra aux forces de l’ordre qui le fusillèrent à nouveau définitivement. Il défrayera la chronique. Encore en 1868, Pastoureau, préfet du Var de 1851, démentira toute responsabilité dans son exécution » (extrait du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social, notice « MARTIN Louis Ferdinand dit Bidouré ou Bidauré Martin » par Pierre Baudrier, version mise en ligne le 8 août 2017, dernière modification le 8 août 2017). Pour en savoir plus sur la résistance varoise au coup d’État de 1851, lire le numéro hors-série que lui a consacré en 2012 Le Courrier scientifique (publication du Parc naturel régional du Verdon).

III – CHANSON EN HOMMAGE À MARTIN BIDOURÉ

En 1975, l’artiste ollioulais Gaston Beltrame a écrit et composé une chanson en hommage à Martin Bidouré.

Écouter cette chanson  :

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Extrait des paroles de la chanson de Beltrame consacré à M. Bidouré

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